Médicaments périmés, pensez à les rapporter !

Parmi les boîtes de médicaments qui garnissent votre armoire à pharmacie, certaines affichent des dates de péremption dépassées ? Ne les jetez surtout pas à la poubelle ! Sortez les plaquettes de leurs emballages et déposez-les à la pharmacie. Ces médicaments périmés ou non utilisés (MNU) seront ensuite collectés par l’association Cyclamed, à des fins de valorisation énergétique.

1. DES RISQUES SANITAIRES DOMESTIQUES

Un médicament périmé est un médicament dont la stabilité n’est plus assurée. En clair, il sera susceptible de changer de couleur et/ou d’aspect, et surtout son efficacité sera mise à mal. Bien conservé, un médicament peut conserver ses propriétés thérapeutiques entre deux et cinq ans. Au-delà, il sera au mieux inefficient, au pire dangereux pour la santé ! Dans un article consacré à la question, paru en mai 2019, Le Journal des Femmes annonçait que « les solutions liquides, en sachet, et les collyres s’altèrent généralement plus vite que les formes solides : gélules, comprimés. (…) Mais, par prudence, il est conseillé de bien respecter la date de péremption de tous les médicaments et de ne pas les utiliser s’ils sont périmés ».

Toutefois, certains médicaments présentent des risques de prolifération microbienne et d’infection particulièrement importants s’ils sont périmés, et ne doivent en aucun cas être consommés : collyres, sirops, injectables, pommades, gels, crèmes, médicaments reconstitués, médicaments sans conservateur, contraceptions, traitements contre l’hypertension artérielle. Par ailleurs, le dictionnaire médical de référence, le Vidal, établit les différentes durées de conservation après ouverture du médicament, nonobstant la date de péremption :

TYPE DE MÉDICAMENTSDURÉE DE CONSERVATION APRÈS OUVERTURE
Crèmes et pommades sans conservateur1 semaine
Crèmes et pommades avec conservateur2 mois
CollyresUtilisation immédiate ou 1 semaine
Sirops sans conservateur2 semaines
Sirops avec conservateur2 mois
Sprays pour le nezUtilisation immédiate
InjectablesUtilisation immédiate pour la plupart ou 24h à 48h

Conserver trop de médicaments chez soi, périmés ou non, peut s’avérer dangereux pour la famille : confusion médicamenteuse pour les seniors, ingestion accidentelle par les enfants… Une étude de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (2007) précise que les accidents médicamenteux sont responsables d’1 hospitalisation sur 10 en France (près de 145 000) ! Quant aux intoxications chez les enfants, les MNU sont incriminés dans plus d’un cas sur deux.

2. QUELS MÉDICAMENTS RAPPORTER

Comprimés, pommades, crèmes, gels, sirops, ampoules, aérosols, sprays, inhalateurs

Aiguilles, seringues usagées, compléments alimentaires, dispositifs médicaux, produits chimiques, produits vétérinaires, cosmétiques, lunettes, prothèses, thermomètres, radiographies

Sur le site de Cyclamed, un moteur de recherche permet de savoir si tel ou tel médicament, périmé ou non utilisé, est bien recyclable.

QUE FAIRE DE SES SERINGUES ET AIGUILLES ?

Comme les autres déchets d’activités de soins à risques infectieux et assimilés perforants, les seringues et aiguilles sont collectées dans le cadre d’un dispositif spécifique géré par l’éco-organisme Dastri. Sont concernés : les patients en auto-traitement et les utilisateurs d’autotests de diagnostic des maladies infectieuses transmissibles. Ces déchets sont ensuite détruits.

3. À LA POUBELLE ? JAMAIS !

Quoi qu’il arrive, ne jetez jamais vos médicaments périmés dans votre poubelle d’ordures ménagères, dans l’évier ou dans les toilettes ! En effet, les médicaments contiennent des principes actifs qui pollueront les sols et les rivières. Sur le site internet de Cyclamed, il est précisé que « les études actuelles font état de la présence de résidus de médicaments dans les eaux usées urbaines (avant et après assainissement), les eaux de surface et les eaux souterraines. Peu d’études sont actuellement disponibles concernant le risque d’effets néfastes à long terme ». Le principe de précaution est donc de mise.

4. QUE DEVIENNENT LES MNU NON UTILISÉS ?

Dans le cadre de leur tournée quotidienne de livraison au sein des pharmacies, les grossistes répartiteurs récupèrent les cartons Cyclamed pleins. Pour la seule Soredip, un des principaux grossistes-répartiteurs réunionnais, cela représente environ 400 cartons par mois, d’un poids moyen de 12 kg.
Ces derniers sont stockés ensuite au sein de leur établissement de répartition, afin d’éviter tout abus ou détournement de l’usage de ces MNU, puis préparés pour être envoyés en métropole et incinérés dans une des quelque 50 unités de valorisation énergétique. La Soredip envoie jusqu’à 8 conteneurs de vingt pieds chaque année.
En 2019, la valorisation énergétique des médicaments périmés (et non utilisés) a permis d’éclairer et de chauffer entre 7 000 et 8 000 logements ou établissements publics.
CYCLAMED est une association loi 1901, agréée par les pouvoirs publics, qui a pour mission de collecter et de valoriser les médicaments non utilisés (MNU) à usage humain, périmés ou non, rapportés par les patients dans les pharmacies. Elle a pour objectif de sécuriser l’élimination des MNU, afin de préserver l’environnement et la santé publique.

Plus de renseignements sur : www.cyclamed.org

L’AVIS DU PHARMACIEN


David KINOO, pharmacien à la Pharmacie de la Gare (Saint-Paul).

La sensibilisation fonctionne, et le réflexe semble largement partagé. Plusieurs
fois par semaine, des patients nous rapportent leurs médicaments périmés. Les volumes sont variables, mais parfois très importants quand une famille procède
à un grand ménage suite à un décès. Dans notre officine, environ un bac de 47,5 litres est collecté par notre grossiste-répartiteur chaque mois. Un conseil ? Pensez à bien sortir vos médicaments de leurs cartons d’emballage ! En effet, nous ne procédons plus
à la récupération des boîtes, et nous serons amenés à vous demander de le faire sur place le cas échéant. En anticipant, ce sera autant de temps de gagné pour tout le monde !

Les MNU en chiffres
En 2019, 10 675 tonnes de MNU des ménages ont été collectées
78 % des Français déclarent rapporter leurs MNU chez le pharmacien, dont 57 % les rapportent « systématiquement ». Un geste particulièrement ancré chez les retraités (89 %), les plus de 35 ans (86 %), les femmes (83 %) et géographiquement dans les localités rurales ou de moins de 20 000 habitants (84 %)*
Parmi les personnes qui achètent des produits de parapharmacie en pharmacie, 60 % de ceux-ci les jettent dans la poubelle et 22 % les rapportent à la pharmacie*
44 % des Français séparent déjà les boîtes en carton et les notices des médicaments avant le dépôt en pharmacie. Et 45 % se disent prêts à le faire.*
Source : étude barométrique BVA, avril 2020

Visiteur Médical. Information et vigilance

Depuis près de vingt ans, Julie Mabileau-Laplace exerce en tant que visiteuse (ou déléguée) médicale, et chapeaute des confrères à La Réunion.
Une profession qui, bien qu’en perte de vitesse, permet selon elle d’éclairer les professionnels de santé sur les vertus des nouveaux médicaments.

Aujourd’hui à son compte, Julie Mabileau-Laplace a successivement été visiteuse médicale salariée, responsable régionale Réunion pour un laboratoire, puis directrice régionale océan Indien et océan Pacifique chez un prestataire de services.

Médecins de ville, hospitaliers, spécialistes en ville, pharmaciens, infirmiers, kinés, sages-femmes… Le rôle du visiteur médical, autrement appelé délégué médical, consiste à aller à la rencontre de tous les professionnels de santé (à raison de 6 professionnels maximum quotidiennement), afin de leur présenter les nouveaux médicaments mis sur le marché par le laboratoire pharmaceutique qu’il représente. « Le visiteur médical peut être salarié du laboratoire, d’un prestataire de services qui intervient pour le compte d’un ou plusieurs laboratoires, ou agent à son propre compte », précise Julie Mabileau-Laplace, qui a expérimenté toutes les possibilités au long de son parcours. Arrivée à La Réunion en 1999, celle-ci, qui travaillait dans le prêt-à-porter de luxe à Paris, se retrouve dans une impasse professionnelle. C’est par hasard qu’elle découvre le métier de visiteur médical. « J’ignorais de quoi il s’agissait », avoue-t-elle. Au début des années 2000, Julie suit la formation alors proposée par la CCIR. Neuf mois de cours théoriques au terme desquels elle décroche, en 2003, l’indispensable Titre de visiteur médical. « Il s’agit d’un diplôme validant reconnu niveau III, accessible avec un bac +2 validé et, idéalement, un bagage scientifique pour appréhender l’ensemble des spécialités médicales enseignées. » Cette formation n’est désormais plus dispensée que dans l’Hexagone.

UN ACCOMPAGNEMENT THÉRAPEUTIQUE

Toutefois, la quadragénaire, depuis peu à son compte, met en garde les éventuels postulants. « En 2005, nous étions environ 25 000 délégués médicaux en France. Actuellement, nous sommes à peine plus de 10 000. Et le ratio est le même à La Réunion… » Désormais très encadrée « suite à des abus qui ont fait les gros titres » la visite médicale a subi de plein fouet des changements structurels lourds ces dernières années. Que résume le syndicat LEEM (Les Entreprises du médicament) : « la politique de maîtrise des dépenses de santé ; les fins de brevets des blockbusters et la pénétration des médicaments génériques ; l’évolution vers des produits de spécialités hospitalières ; l’évolution de l’attente des professionnels de santé en termes d’information sur les produits présentés ; les conditions d’accueil de la visite médicale ».

Aujourd’hui, la profession est soumise à des coupes budgétaires drastiques, autant qu’à des considérations déontologiques bienvenues. « Le métier a dû muter, estime Julie. Il privilégie désormais l’information, l’accompagnement thérapeutique (du bon usage des médicaments dans le cadre de protocoles adaptés), voire la formation auprès des professionnels. Tout en donnant une importance fondamentale au visiteur dans le dispositif de pharmacovigilance. »


Une information médicale humanisée, des remontées d’informations essentielles pour stabiliser les médicaments, des préconisations thérapeutiques parfois insoupçonnées… Aux yeux de Julie, sa profession trouve encore tout son sens dans le paysage médical français.

LES QUALITÉS INDISPENSABLES


Une bonne présentation
Une qualité d’écoute
Un bon sens de la communication
De la rigueur
De la discrétion
De l’autonomie

Laurence Mission Animation

Pour faire connaître leurs produits et booster leurs ventes en parapharmacie, les marques et les laboratoires font parfois appel à des animatrices commerciales indépendantes. Animatrice pour Kôté Santé, Laurence Techer nous dit tout sur les tenants et aboutissants de ce métier de relationnel.

Peut-être avez-vous déjà eu le privilège de bénéficier de ses précieux conseils… Depuis quelques mois, Laurence intervient en effet ponctuellement dans les pharmacies de l’enseigne Kôté Santé. « En début d’année, la commerciale de Taaj m’a contactée : elle était à la recherche d’une animatrice indépendante pour mettre en lèr ses références dans les officines Kôté Santé », explique Laurence, qui a donc accepté de relever le défi. Pas étonnant de la part de cette trentenaire souriante, toujours en quête de nouveaux challenges. « De 2005 à 2013, j’étais buraliste dans le sud de La Réunion. Puis j’ai ressenti le besoin de voir autre chose, et je me suis lancée dans l’animation commerciale en pharmacie. Comme ma soeur, Alexandra. » Sans la formation commerciale initiale préconisée pour ce métier, Laurence préfère miser sur son sens du relationnel et son bagout, éprouvés dans sa vie d’avant. « Au tabac-presse, sur la partie loto notamment, les clients venaient naturellement à moi. Cette fois, en animation, c’est à moi d’aller vers eux. C’est une démarche différente, mais qui me convient tout à fait », souligne-t-elle.

S’affirmer comme une réelle force commerciale complémentaire.

Adoubée par Taaj en particulier, Laurence ne se cantonne toutefois ni à une marque, ni au pan cosmétique de la parapharmacie. Aromathérapie, phytothérapie, diététique, micronutrition… L’animatrice se révèle force de conseil et de vente sur l’ensemble du rayon parapharmacie. « Depuis que je me suis lancée dans l’animation parapharmaceutique, d’abord comme salariée d’une structure puis rapidement en indépendante, je me suis formée sur le tas. J’ai énormément appris au contact des pharmaciens et des responsables parapharmacie. » A raison de trois à cinq animations par semaine, dans toute l’île, Laurence va directement à la rencontre d’une clientèle locale qu’elle connaît désormais sur le bout des doigts. A 99 % féminine, celle-ci est à la recherche de références réputées, mais suit également les tendances. « Avec l’essor du soin naturel, l’aromathérapie a véritablement explosé ces dernières années », estime l’animatrice. Les rares hommes qui la sollicitent
sont, eux, davantage tournés vers la micronutrition. « Avec l’intention notamment de prévenir le petit bobo ou de prendre soin de leur organisme. Contrairement aux femmes, pour lesquelles l’esthétisme est encore largement vecteur d’achat en parapharmacie. »

INSTAURER DE LA CONFIANCE

Parmi les qualités qu’elle juge indispensables au métier d’animatrice, Laurence évoque en premier lieu « l’écoute, le sourire et la patience ». De quoi s’affirmer à terme comme « une réelle force commerciale complémentaire ». Les bons jours, le chiffre d’affaires additionnel généré par sa prestation peut ainsi s’élever à plus de 1 200 €. « En fonction du lieu, de la taille de l’officine, de la date ou encore de la fréquentation, ce résultat se révèle très aléatoire. Mais, personnellement, je ne réfléchis pas de la sorte, à brève échéance. » Pour Laurence, l’idée est avant tout de fidéliser le client, en lui distillant des conseils de qualité, adaptés à son besoin et à son budget du moment. « Si ce premier contact est convaincant, il sera beaucoup plus aisé, la fois suivante, de l’amener à découvrir la gamme de produits que je représente. C’est un travail de longue haleine pour instaurer de la confiance, indispensable à mes yeux pour une efficacité commerciale durable. Une fois cette confiance ancrée, la réticence s’estompe et on peut tout leur faire essayer… et, bien souvent, acheter ! »

Parcours de santé

Vous entrez, vous demandez le médicament qui vous a été prescrit et la préparatrice vous le délivre. Simple. Basique. Mais comment ce produit fabriqué à des milliers de kilomètres arrive-t-il dans les racks des officines Kôté Santé ? C’est le travail des grossistes-répartiteurs. Reportage à la Soredip, l’un des trois acteurs réunionnais de la distribution pharmaceutique.

Chaque semaine, après plus d’un mois de mer depuis Le Havre (Seine-Maritime), 3 à 4 conteneurs de 40 pieds chacun débarquent au Port remplis de boîtes de médicaments et de produits de santé. Destination finale : la Soredip, la Société réunionnaise de distribution pharmaceutique, un des trois grossistes-répartiteurs de La Réunion. Selon la définition de l’Ordre national des pharmaciens, « les grossistes répartiteurs se livrent à l’achat et au stockage de médicaments autres que ceux destinés à être expérimentés sur l’homme, en vue de leur distribution en gros et en l’état. Grâce à leur flotte de véhicules, ils approvisionnent l’ensemble du réseau pharmaceutique officinal. Les grossistes-répartiteurs sont propriétaires de leur stock et sont livrés par les laboratoires pharmaceutiques ou leurs dépositaires ».

Les conteneurs sont ensuite déposés et dépotés sur le site de la Soredip, à Piton Saint-Leu. S’y ajoutent les livraisons de produits locaux et les trois groupages aériens hebdomadaires, notamment pour les produits nécessitant une préservation optimale de la chaîne du froid et un délai de transport inférieur à 72 h (urgence oblige parfois), du laboratoire jusqu’à la Soredip.

Classées en fonction de leur priorité, certains produits étant nettement plus prescrits et/ou consommés que d’autres, les boîtes sont acheminées manuellement ou automatiquement vers les bacs de préparations de commandes. Bleus pour les produits classiques, rouges et conçus spécifiquement pour les produits « froids ».

A la Soredip, il faut compter moins de 5 minutes pour pré-parer un bac de commande complet… La traçabilité du produit est assurée de son entrée jusqu’à sa sortie de la chaîne de commande. Ce qui garantit qualité et efficacité, chaque erreur étant spécifiée avant départ pour livraison. La Soredip annonce un taux d’erreur de 0,7 pour 1 000 dans les bacs distribués en officines !

Les livreurs récupèrent les bacs validés et préparent leur tournée. Chaque jour, et parfois même deux fois par jour, la vingtaine de camion-nettes de la Soredip livrent les 83 pharmacies du réseau Kôté Santé.

La traçabilité est respectée de A à Z. La distribution à peine effectuée, ici à la pharmacie des Alizés (Saint-Gilles-les-Hauts), une préparatrice réceptionne les médicaments et les produits de santé, les scanne puis les range dans les racks, tiroirs ou rayons appropriés. En 2019, la Soredip a distribué près de 10 millions de boîtes dans les officines réunionnaises !

GROSSISTE, RÉPARTITEUR… ET PHARMACIEN !

Leur mission étant d’intérêt public, le code de la Santé Publique français impose différentes obligations aux importateurs-grossistes-répartiteurs de médicaments. Dont la première est, selon l’Ordre national des pharmaciens, que « toute entreprise qui comporte au moins un établissement pharmaceutique de distribution doit être la propriété d’un pharmacien ou d’une société à la gérance ou à la direction générale de laquelle participe un pharmacien ».

LES AUTRES OBLIGATIONS SONT :

> Desservir toutes les pharmacies du secteur qui en font la demande
> Référencer au moins 90 % des spécialités médicales remboursées
> Avoir deux semaines de stock (à La Réunion, c’est plutôt 3 mois !)
> Assurer une livraison sous 24 h à partir de la commande passée par la pharmacie
> Participer aux astreintes car il y a toujours, comme en pharmacie, un grossiste de garde les dimanches et jours fériés

L’ordre national des pharmaciens rappelle que, « comme tout lieu d’exercice de la pharmacie, l’établissement de distribution en gros doit être installé dans des locaux spécifiques, adaptés aux activités qui s’y exercent et convenablement équipés et tenus. Ces obligations sont fixées par des bonnes pratiques ». Des bonnes pratiques de distribution relatives à la traçabilité du produit (de la réception à la livraison), à la politique de qualité, à l’aménagement adéquat des locaux et au personnel (formation, hygiène, etc.).

LE SAVIEZ-VOUS ?

Les données suivantes émanent de l’Ordre national des pharmaciens, pour la France au 27 mai 2019 :

  • 500 laboratoires commercialisent plus de 12 000 références de médicaments.
  • Au total, 25 000 références de médicaments et de produits de santé sont distribuées.
  • Environ 200 établissements de distribution sont répartis sur tout le territoire.
  • 800 millions de lignes de commandes sont enregistrées chaque année.
  • 1,7 milliard de boîtes de médicaments remboursables sont distribuées chaque année.

RUPTURE ET MONDIALISATION

Tout cette mécanique de distribution apparaît parfaitement huilée. Pourtant, de temps à autre, un médicament manque à l’appel. Comment est-ce possible ? « L’épisode Covid-19 a été très particulier à ce titre, car le nombre de vols était réduit et certains conteneurs ont été retardés car victimes de la quarantaine imposée à Maurice, explique Antoine de Beaufort, le directeur commercial de la Soredip. Mais en règle générale, la principale cause de tension d’approvisionnement réside dans la rupture de la production du principe actif, qui dépend des deux principaux producteurs mondiaux que sont la Chine et l’Inde. Quand un ralentissement ou un arrêt survient, c’est toute la chaîne pharmaceutique planétaire qui se retrouve impactée ! »

PHARMACIEN priorité à la continuité médicale

Nouvel épisode de la série consacrée aux métiers de la pharmacie et de la parapharmacie. Cette fois, focus sur la profession de pharmacien d’officine.

Au milieu des années 90, la vocation de Reshad Yearoo se précise : il sera pharmacien. Pourtant, le jeune Mauricien, titulaire d’un diplôme d’ingénieur en chimie analytique, s’est déjà lancé dans la vie active. « Ma formation initiale m’a permis de travailler une année dans mon île natale, où j’ai alors découvert la pharmacologie et la pharmacie. Très vite, j’ai su que c’était ce à quoi j’étais destiné, et j’ai rejoint Montpellier pour y suivre le cursus universitaire adapté », se souvient le pharmacien titulaire de la Pharmacie de la Gare à Saint-André.
A son époque, un concours en fin de 1re année sélectionnait 10 à 15 % des candidats environ. Mais, depuis, la donne a changé. Et continue de changer à la rentrée 2020 (lire ci-contre). Si la sélection se veut moins draconienne en début de cursus, la finalité est la même : décrocher un Diplôme d’Etat (DE) en pharmacie. Au programme : physique, chimie, biologie, mécanisme des maladies, botanique, toxicologie, etc. Pour les pharmaciens d’officine, les études durent six ans, contre neuf pour les pharmaciens spécialisés en pharmacie hospitalière, biologie médicale, innovation pharmaceutique et recherche. La spécialisation s’effectue en 4e et en 5e années.

Nous cherchons à comprendre qui nous traitons et pour quoi.

« Mieux vaut avoir un Bac S, estime Reshad Yearoo. Mais je pense qu’il faut surtout apprendre à connaître ce métier et à l’aimer. Dès la première année d’université, j’incite les jeunes Réunionnais à oser pousser les portes pour découvrir en stage les différents métiers possibles et bien choisir leur voie. » Et il sait de quoi il parle… D’abord pharmacien assistant dans le Sud de l’Hexagone, Reshad devient en 2003 pharmacien-répartiteur à Maurice. « Je n’ai tenu qu’une année car le contact avec la patientèle me manquait. Pour moi, notre cœur de métier est là : accompagner le patient au plus près de son traitement, mais aussi dans ce que j’appelle le soin-confort. C’est-à-dire dans toutes les options susceptibles d’améliorer son rétablissement, même si celles-ci ne sont pas remboursées. Il s’agit de la partie qualifiée de commerciale de notre métier, elle est importante mais ne doit en aucun cas prendre le pas sur la continuité médicale que nous assurons à la suite du médecin. » Pour Reshad, la pharmacie s’est imposée « comme une évidence ». Information, conseil, prévention… Du golfe de Saint-Tropez à Saint-André, en passant par Plateau Caillou où il fut assistant de 2009 à 2014, son expérience l’a amené à concrétiser sa fibre médicale. « Un médecin établit une ordonnance à partir de symptômes. Nous, pharmaciens, le complétons en ouvrant d’autres tiroirs. Car un patient ne dit pas les mêmes choses à son médecin et à son pharmacien. Nous ne délivrons pas seulement des médicaments, nous cherchons à comprendre qui nous traitons et pour quoi. Ce décryptage est passionnant ! »
Passionnant et facilité par une bonne connaissance du tissu socioculturel local. Ce qui a incité Reshad Yearoo à s’installer à proximité de la Pharmacie de la Gare, qu’il a rachetée en 2014 à Saint-André.
« Je gère mon officine dans l’es-prit de la pharmacie du village d’autrefois, annonce-t-il. En étant à l’écoute de mes clients et de mes salariés, dont j’ai appris à connaître les qualités et les défauts… et à faire avec ! ».

FORMATION LE CHANGEMENT C’EST MAINTENANT

A la rentrée universitaire 2020, l’accès aux études de pharmacie s’effectuera toujours via la filière MMOP : Médecine, Maïeutique, Odontologie, Pharmacie. Mais la 1re année commune aux études de santé (PACES) est supprimée, tout comme le concours d’entrée en 2e année et le numerus clausus. Désormais, les études MMOP sont accessibles par deux voies différentes :
> Le Parcours Spécifique Santé (ou Portail Santé), qui attribuera 60 % des places en 2e année sans possibilité de redoublement
> Les Licences Accès Santé, pour les 40 % de places restantes
S’il réussit les phases d’admissibilité et d’admission du Portail Santé, l’étudiant intègre la 2e année dans la filière choisie parmi les spécialités MMOP. En cas d’échec (mais de validation de l’année universitaire continue), il est admis en 2e année de Licence Accès Santé, ce qui lui permet de bénéficier d’une seconde chance. Si, malgré tout, la chance ne lui sourit pas, l’étudiant pourra poursuivre son cursus dans une licence de son choix (maths, biologie, droit, histoire…), dont l’enseignement comportera une option accès santé.

LA RIBAMBELLE a besoin de vous !

L’association La Ribambelle accueille et soigne depuis 2018 à La Réunion des enfants porteurs de cardiopathie congénitale originaires de Madagascar. L’année dernière, ce sont ainsi cinq enfants qui ont été sauvés. Présentation d’une magnifique chaîne de solidarité !

Logo La Ribambelle

Christian Joly, président d e L a R i b a m b e l l e Réunion, ne relâche pas ses efforts. Cet amoureux de Madagascar rappelle le triste constat sanitaire de la Grande Île : un taux de mortalité infantile de 42%… contre 6% à La Réunion. Environ 1% des enfants naît avec une
cardiopathie congénitale. Depuis vingt-deux ans , l’association La Ribambelle en métropole ( dirigée par le frère de Christian Joly, lui-même cardiologue) accueillait ces petits Malgaches pour y être soignés. Mais la formation d’une équipe réunionnaise par le CHU de Bordeaux et la récente ouverture d’un service de cardiologie infantile au CHU Félix- Guyon permet désormais d ’ accueillir ces marmailles dans un environnement plus familier, leur permettant une meilleure récupération et un séjour plus court. UNE CHAÎNE DE SOLIDARITÉ MÉDICALE ET SOCIALE Une fois dépistés à Madagascar, les enfants sont pris en charge par l’association : transport, évacuation sanitaire, hébergement en famille d’accueil bénévole pour une durée qui varie en fonction de l ’ importance de l ’ intervention ( par cathéter ou à coeur ouvert), mais qui n ’ excède pas cinq semaines . « Nou savons déjà une quinzaine de familles d’accueil dans l’Ouest et le Sud, mais il nous en manque dans le Nord, avis aux bonnes volontés ! »

POUR FAIRE UN DON : connectez-vous à www.laribambelle.re
Les entreprises peuvent également soutenir l’association et bénéficier d’une défiscalisation à hauteur de 66% de leur don.

EXPODIA, Contre le diabète

Au mois de mars 2019 a été inaugurée à la Citedi Doret, au coeur du quartier des Camélias (Saint-Denis), EXPODIA, la première exposition permanente et interactive dédiée à la prévention contre le diabète. Une initiative de la Mutualité de La Réunion, espérons-le salutaire dans un département où le diabète fait figure de fléau.

En 2014, un Réunionnais sur dix déclarait être diabétique. Entre 2014 et 2017, chaque année, 4 600 nouveaux patients en moyenne ont été pris en charge en affection de longue durée, soit une hausse annuelle de 7 % ! Dans l’île, près de 65 000 personnes étaient traitées pharmacologiquement en 2016, avec des patients âgés en moyenne de 62 ans (contre 67 ans au niveau national) et majoritairement féminins (55 %). Chaque année, 240 décès environ peuvent être directement imputés au diabète : une mortalité trois fois plus
élevée qu’en métropole ! Et on estime qu’un tiers des diabétiques péï ne savent pas qu’ils sont atteints par la maladie… C’est face à cet effarant constat que La Mutualité de La Réunion a décidé de s’emparer de la question et de monter une exposition permanente
et gratuite consacrée à la prévention contre le diabète. Une première locale, et même mondiale !

UN PARCOURS LUDIQUE

Du partenariat initié avec l’Institut coopératif austral de recherche en éducation (Icare) et des Réunionnais touchés par la maladie, est ainsi né un parcours ludique, didactique et interactif qui offre la possibilité de mieux comprendre le diabète, ses mécanismes et les
moyens de s’en protéger. Ouverte aux écoles, aux associations, aux enfants, aux adultes, aux familles touchées par le diabète, à toutes les personnes concernées par leur santé, l’exposition compte atteindre 500 visiteurs la première année. « Ce projet nous tenait à coeur depuis très longtemps. Nous espérons qu’avec ce nouvel outil, nous pourrons sensibiliser encore mieux les Réunionnais. C’est la multiplication des initiatives de ce type qui pourra épargner la maladie au plus grand nombre », espère Théodore Hoarau, président de La Mutualité de La Réunion.

EXPODIA CITEDI Doret 26, ruelle Doret 97400 SAINT DENIS / Tél. : 0262 947 700 / contact@mutualite-reunion.fr
Visites libres du lundi au vendredi de 8h30 à 12h et de 13h à 16h30.
Visites scolaires le vendredi de 8h30 à 12h, sur réservation

LIONEL HAGEN préparateur en pharmacie

Souvent, les pharmacies en cherchent, faute de candidats. Pourtant, ils occupent une place essentielle au sein de l’officine. Qui ? Les préparateurs et préparatrices en pharmacie. Ils ont pour mission de délivrer, sous la surveillance du pharmacien titulaire, les médicaments sur ordonnance et conseillent les patients au comptoir. Rencontre.

Il s’appelle Lionel Hagen mais tout le monde l’appel Léo et, contrairement aux apparences, c’est un petit nouveau dans le métier.

«  Après un bac économique, j’ai suivi une fac d’histoire, et puis j’ai travaillé comme surveillant dans un collège. Mais à 28 ans, j’ai décidé de me reconvertir professionnellement après avoir assisté à une session d’information sur le métier de préparateur proposée par Pôle Emploi. »

Cerise sur le gâteau, il s’agit d’une profession particulièrement demandée. A La Réunion, pas de chômage pour les préparateurs et préparatrices en pharmacie  ! A bon entendeur…D’emblée, le métier lui plaît  : « Je pensais que les métiers de la santé étaient réservés aux profils scientifiques, mais si on est motivé et qu’on travaille sérieusement, la formation est accessible. En plus à La Réunion, nous avons la chance d’avoir des enseignants d’un super niveau  !  » Pendant deux ans, Léo prépare son Brevet de Préparateur en Pharmacie, alternant formation à l’ACOPROPHAR et présence en officine. «  Il ne faut jamais oublier que ce sont des médicaments que nous délivrons, pas des bonbons  ! La formation est là pour nous permettre d’acquérir de bonnes connaissances en pharmacologie. »

C’est un métier où l’on peut facilement se spécialiser : maintien à domicile, orthopédie, nutrition, parapharmacie…

DIVERSITÉ DES MISSIONS

Avec en moyenne (selon les pharmacies) une cinquantaine d’ordonnances par jour, le métier de préparateur exige de la rigueur et de la concentration. «  Notre rôle est de bien vérifier chaque ordonnance  : le dosage, les contre-indica-tions en fonction du patient… Si le préparateur a le moindre doute, il en réfère au pharmacien, qui peut être amené à contacter le prescripteur si le doute persiste. »
Mais, selon les officines, le préparateur est également amené à vendre les produits conseil, à piloter les stocks de médicaments ou à gérer un rayon spécifique. « C’est un mé-tier où l’on peut facilement se spécialiser : maintien à domicile, orthopédie, nutrition, para-pharmacie… C’est très valorisant car la progression est toujours possible. A la fois en termes de connaissances, mais aussi en termes de salaire ! »

Gisèle Legendre, pharmacienne à la Pharmacie du Centre à la Rivière-Saint-Louis

Observer et comprendre les fumeurs

Chaque trimestre depuis quatre ans, Gisèle Legendre, pharmacienne à la Pharmacie du Centre à la Rivière-Saint-Louis, accompagne une dizaine de fumeurs invétérés.
Formée en éducation thérapeutique du patient, elle les écoute, les conseille et les soutient.

COMMENT SE DÉROULE UN ACCOMPAGNEMENT TYPE ?

Gisèle Legendre : Le plus souvent, je reçois des patients, des hommes autant que des femmes, des jeunes de 20 ans comme des retraité(e)s de plus de 70 ans, envoyés par leur médecin généraliste. Ils ont une ordonnance pour être remboursés des substituts nicotiniques prescrits, mais, conscients que cela ne suffit pas, ils souhaitent bénéficier en plus d’une aide personnalisée. Nous convenons alors de plusieurs rendez-vous d’une vingtaine de minutes environ, un par semaine le premier mois, puis un par mois les cinq mois suivants, idéalement. Par le dialogue, je les amène à observer et comprendre leurs habitudes tabagiques pour essayer de les changer.

QUELLE EST LA CIGARETTE LA PLUS DIFFICILE À SUPPRIMER ?

G.L. : C’est indiscutablement celle du matin, souvent

allumée au lever et qui accompagne le café. Pour le fumeur en cours de sevrage, il s’agit autant de stopper ce réflexe et de briser cette association que de patienter vingt minutes, le temps que le patch agisse. Cela peut passer par la préparation d’un thé et d’un petit déjeuner équilibré, mais aussi par toutes sortes d’occupations, comme sortir le chien, aller marcher ou courir, ou jardiner. En fin d’année, la cigarette « festive » est pareillement redoutable et redoutée : plus qu’un dîner entre amis, les fêtes nécessitent une préparation psychologique spécifique pour ne pas se laisser tenter.

Les fêtes nécessitent une préparation psychologique spécifique pour ne pas se laisser tenter.

QUE PROPOSEZ-VOUS CONTRE LES EFFETS INDÉSIRABLES LIÉS À L’ABSTINENCE ET LA PRISE DE SUBSTITUTS ?

G.L. : D’abord, je les invite à avoir une alimentation saine et équilibrée, et à pratiquer une activité sportive – marcher, tout simplement, peut suffire. Ensuite, il existe de nombreux produits naturels, en phytothérapie chez PiLeJe et Arkopharma, pour pallier les problèmes de sommeil, d’anxiété, d’irritabilité, de faim, de constipation… Contre le stress, par exemple, je recommande l’aubépine ou la rhodiole. Contre les envies de sucre, ce sera plutôt la gymnema sylvestre et le curcuma, mais aussi les acides gras oméga-3. En homéopathie, le kit pour arrêter de fumer des laboratoires Boiron donne également de très bons résultats.

Responsable « Para » : un métier de choix

Il n’y a qu’à pénétrer dans l’officine la plus proche pour se rendre compte que la parapharmacie y tient une place importante. De plus en plus importante… Et son incidence sur le chiffre d’affaires va de pair !
Pas étonnant donc de croiser des « responsables para » dédiés, qui œuvrent ont à cœur de faire de leur secteur une vitrine de la pharmacie. Rencontre avec Varinka Laurence, « responsable para » de la pharmacie de la Ravine-des-Cabris.

De la curiosité pour approfondir sa connaissance des produits, de la réactivité pour être toujours en capacité de répondre aux besoins des clients, et de la prise d’initiative pour assurer cette responsabilité en lien étroit avec le pharmacien. » Telles sont les qualités que Varinka Laurence, responsable parapharmacie de la pharmacie de la Ravine des Cabris depuis dix ans, considère comme indispensables à cette spécialisation. « Peu importe que l’on commence par un diplôme de préparateur ou d’esthétique. » C’est d’ailleurs après des études d’esthétique et un bac pro commerce que la jeune femme a démarré sa vie professionnelle. Comme esthéticienne. « En parallèle, je travaillais dans une parfumerie, où rapidement j’ai secondé la responsable. » Varinka devient ensuite conseillère et animatrice pour les laboratoires Pierre-Fabre, numéro un français. Là, elle découvre l’étendue et la diversité des gammes de soins dermo-cosmétiques.

Il faut veiller à rester curieux et au courant des nouveautés !

UNE VITRINE POUR L’OFFICINE

Un peu partout sur l’île, elle propose des formations et des animations en pharmacie. « Ces années ont été très enrichissantes, et grâce à une solide formation continue, j’ai pu approfondir mes connaissances en dermatologie ou en phytothérapie notamment. Mais j’étais toujours sur la route, et quand un poste de responsable en parapharmacie s’est présenté près de chez moi, j’ai saisi cette opportunité. » Sa mission ? Gérer les commandes des différents laboratoires avec rigueur : recevoir les commerciaux, suivre les achats, vérifier les stocks, effectuer les mises en avant, mais également assurer la formation des équipes sur les nouveaux produits. « Certains de mes collègues sont plus spécialisés en sport, d’autres en nutrition, moi c’est la dermato- cosmétique. Il faut veiller à rester curieux et au courant des nouveautés ! » Pour Varinka, très rares sont les clients qui franchissent le seuil de la pharmacie sans passer par la parapharmacie. Ne serait-ce que pour y acheter une brosse à dents.

La partie parapharmacie se doit d’être bien rangée, bien ordonnée, bien achalandée. Et surtout théâtralisée, c’est à-dire avec des produits mis en avant correspondant aux besoins selon les saisons. Bref, elle est fondamentale, car c’est LA vitrine de la pharmacie !