PHARMACIEN priorité à la continuité médicale

Nouvel épisode de la série consacrée aux métiers de la pharmacie et de la parapharmacie. Cette fois, focus sur la profession de pharmacien d’officine.

Au milieu des années 90, la vocation de Reshad Yearoo se précise : il sera pharmacien. Pourtant, le jeune Mauricien, titulaire d’un diplôme d’ingénieur en chimie analytique, s’est déjà lancé dans la vie active. « Ma formation initiale m’a permis de travailler une année dans mon île natale, où j’ai alors découvert la pharmacologie et la pharmacie. Très vite, j’ai su que c’était ce à quoi j’étais destiné, et j’ai rejoint Montpellier pour y suivre le cursus universitaire adapté », se souvient le pharmacien titulaire de la Pharmacie de la Gare à Saint-André.
A son époque, un concours en fin de 1re année sélectionnait 10 à 15 % des candidats environ. Mais, depuis, la donne a changé. Et continue de changer à la rentrée 2020 (lire ci-contre). Si la sélection se veut moins draconienne en début de cursus, la finalité est la même : décrocher un Diplôme d’Etat (DE) en pharmacie. Au programme : physique, chimie, biologie, mécanisme des maladies, botanique, toxicologie, etc. Pour les pharmaciens d’officine, les études durent six ans, contre neuf pour les pharmaciens spécialisés en pharmacie hospitalière, biologie médicale, innovation pharmaceutique et recherche. La spécialisation s’effectue en 4e et en 5e années.

Nous cherchons à comprendre qui nous traitons et pour quoi.

« Mieux vaut avoir un Bac S, estime Reshad Yearoo. Mais je pense qu’il faut surtout apprendre à connaître ce métier et à l’aimer. Dès la première année d’université, j’incite les jeunes Réunionnais à oser pousser les portes pour découvrir en stage les différents métiers possibles et bien choisir leur voie. » Et il sait de quoi il parle… D’abord pharmacien assistant dans le Sud de l’Hexagone, Reshad devient en 2003 pharmacien-répartiteur à Maurice. « Je n’ai tenu qu’une année car le contact avec la patientèle me manquait. Pour moi, notre cœur de métier est là : accompagner le patient au plus près de son traitement, mais aussi dans ce que j’appelle le soin-confort. C’est-à-dire dans toutes les options susceptibles d’améliorer son rétablissement, même si celles-ci ne sont pas remboursées. Il s’agit de la partie qualifiée de commerciale de notre métier, elle est importante mais ne doit en aucun cas prendre le pas sur la continuité médicale que nous assurons à la suite du médecin. » Pour Reshad, la pharmacie s’est imposée « comme une évidence ». Information, conseil, prévention… Du golfe de Saint-Tropez à Saint-André, en passant par Plateau Caillou où il fut assistant de 2009 à 2014, son expérience l’a amené à concrétiser sa fibre médicale. « Un médecin établit une ordonnance à partir de symptômes. Nous, pharmaciens, le complétons en ouvrant d’autres tiroirs. Car un patient ne dit pas les mêmes choses à son médecin et à son pharmacien. Nous ne délivrons pas seulement des médicaments, nous cherchons à comprendre qui nous traitons et pour quoi. Ce décryptage est passionnant ! »
Passionnant et facilité par une bonne connaissance du tissu socioculturel local. Ce qui a incité Reshad Yearoo à s’installer à proximité de la Pharmacie de la Gare, qu’il a rachetée en 2014 à Saint-André.
« Je gère mon officine dans l’es-prit de la pharmacie du village d’autrefois, annonce-t-il. En étant à l’écoute de mes clients et de mes salariés, dont j’ai appris à connaître les qualités et les défauts… et à faire avec ! ».

FORMATION LE CHANGEMENT C’EST MAINTENANT

A la rentrée universitaire 2020, l’accès aux études de pharmacie s’effectuera toujours via la filière MMOP : Médecine, Maïeutique, Odontologie, Pharmacie. Mais la 1re année commune aux études de santé (PACES) est supprimée, tout comme le concours d’entrée en 2e année et le numerus clausus. Désormais, les études MMOP sont accessibles par deux voies différentes :
> Le Parcours Spécifique Santé (ou Portail Santé), qui attribuera 60 % des places en 2e année sans possibilité de redoublement
> Les Licences Accès Santé, pour les 40 % de places restantes
S’il réussit les phases d’admissibilité et d’admission du Portail Santé, l’étudiant intègre la 2e année dans la filière choisie parmi les spécialités MMOP. En cas d’échec (mais de validation de l’année universitaire continue), il est admis en 2e année de Licence Accès Santé, ce qui lui permet de bénéficier d’une seconde chance. Si, malgré tout, la chance ne lui sourit pas, l’étudiant pourra poursuivre son cursus dans une licence de son choix (maths, biologie, droit, histoire…), dont l’enseignement comportera une option accès santé.