Parcours de santé

Vous entrez, vous demandez le médicament qui vous a été prescrit et la préparatrice vous le délivre. Simple. Basique. Mais comment ce produit fabriqué à des milliers de kilomètres arrive-t-il dans les racks des officines Kôté Santé ? C’est le travail des grossistes-répartiteurs. Reportage à la Soredip, l’un des trois acteurs réunionnais de la distribution pharmaceutique.

Chaque semaine, après plus d’un mois de mer depuis Le Havre (Seine-Maritime), 3 à 4 conteneurs de 40 pieds chacun débarquent au Port remplis de boîtes de médicaments et de produits de santé. Destination finale : la Soredip, la Société réunionnaise de distribution pharmaceutique, un des trois grossistes-répartiteurs de La Réunion. Selon la définition de l’Ordre national des pharmaciens, « les grossistes répartiteurs se livrent à l’achat et au stockage de médicaments autres que ceux destinés à être expérimentés sur l’homme, en vue de leur distribution en gros et en l’état. Grâce à leur flotte de véhicules, ils approvisionnent l’ensemble du réseau pharmaceutique officinal. Les grossistes-répartiteurs sont propriétaires de leur stock et sont livrés par les laboratoires pharmaceutiques ou leurs dépositaires ».

Les conteneurs sont ensuite déposés et dépotés sur le site de la Soredip, à Piton Saint-Leu. S’y ajoutent les livraisons de produits locaux et les trois groupages aériens hebdomadaires, notamment pour les produits nécessitant une préservation optimale de la chaîne du froid et un délai de transport inférieur à 72 h (urgence oblige parfois), du laboratoire jusqu’à la Soredip.

Classées en fonction de leur priorité, certains produits étant nettement plus prescrits et/ou consommés que d’autres, les boîtes sont acheminées manuellement ou automatiquement vers les bacs de préparations de commandes. Bleus pour les produits classiques, rouges et conçus spécifiquement pour les produits « froids ».

A la Soredip, il faut compter moins de 5 minutes pour pré-parer un bac de commande complet… La traçabilité du produit est assurée de son entrée jusqu’à sa sortie de la chaîne de commande. Ce qui garantit qualité et efficacité, chaque erreur étant spécifiée avant départ pour livraison. La Soredip annonce un taux d’erreur de 0,7 pour 1 000 dans les bacs distribués en officines !

Les livreurs récupèrent les bacs validés et préparent leur tournée. Chaque jour, et parfois même deux fois par jour, la vingtaine de camion-nettes de la Soredip livrent les 83 pharmacies du réseau Kôté Santé.

La traçabilité est respectée de A à Z. La distribution à peine effectuée, ici à la pharmacie des Alizés (Saint-Gilles-les-Hauts), une préparatrice réceptionne les médicaments et les produits de santé, les scanne puis les range dans les racks, tiroirs ou rayons appropriés. En 2019, la Soredip a distribué près de 10 millions de boîtes dans les officines réunionnaises !

GROSSISTE, RÉPARTITEUR… ET PHARMACIEN !

Leur mission étant d’intérêt public, le code de la Santé Publique français impose différentes obligations aux importateurs-grossistes-répartiteurs de médicaments. Dont la première est, selon l’Ordre national des pharmaciens, que « toute entreprise qui comporte au moins un établissement pharmaceutique de distribution doit être la propriété d’un pharmacien ou d’une société à la gérance ou à la direction générale de laquelle participe un pharmacien ».

LES AUTRES OBLIGATIONS SONT :

> Desservir toutes les pharmacies du secteur qui en font la demande
> Référencer au moins 90 % des spécialités médicales remboursées
> Avoir deux semaines de stock (à La Réunion, c’est plutôt 3 mois !)
> Assurer une livraison sous 24 h à partir de la commande passée par la pharmacie
> Participer aux astreintes car il y a toujours, comme en pharmacie, un grossiste de garde les dimanches et jours fériés

L’ordre national des pharmaciens rappelle que, « comme tout lieu d’exercice de la pharmacie, l’établissement de distribution en gros doit être installé dans des locaux spécifiques, adaptés aux activités qui s’y exercent et convenablement équipés et tenus. Ces obligations sont fixées par des bonnes pratiques ». Des bonnes pratiques de distribution relatives à la traçabilité du produit (de la réception à la livraison), à la politique de qualité, à l’aménagement adéquat des locaux et au personnel (formation, hygiène, etc.).

LE SAVIEZ-VOUS ?

Les données suivantes émanent de l’Ordre national des pharmaciens, pour la France au 27 mai 2019 :

  • 500 laboratoires commercialisent plus de 12 000 références de médicaments.
  • Au total, 25 000 références de médicaments et de produits de santé sont distribuées.
  • Environ 200 établissements de distribution sont répartis sur tout le territoire.
  • 800 millions de lignes de commandes sont enregistrées chaque année.
  • 1,7 milliard de boîtes de médicaments remboursables sont distribuées chaque année.

RUPTURE ET MONDIALISATION

Tout cette mécanique de distribution apparaît parfaitement huilée. Pourtant, de temps à autre, un médicament manque à l’appel. Comment est-ce possible ? « L’épisode Covid-19 a été très particulier à ce titre, car le nombre de vols était réduit et certains conteneurs ont été retardés car victimes de la quarantaine imposée à Maurice, explique Antoine de Beaufort, le directeur commercial de la Soredip. Mais en règle générale, la principale cause de tension d’approvisionnement réside dans la rupture de la production du principe actif, qui dépend des deux principaux producteurs mondiaux que sont la Chine et l’Inde. Quand un ralentissement ou un arrêt survient, c’est toute la chaîne pharmaceutique planétaire qui se retrouve impactée ! »