PRÉVENTION SOLAIRE : Misolré donne le la

Le nombre de cancers de la peau détectés à La Réunion s’accroît d’année en année. Ce sont les dermatologues locaux qui le disent. Tout en constatant un manque flagrant d’éducation et de prévention face aux dangers liés au soleil. Pour y faire face, l’association Mission Soleil Réunion (Misolré) intervient depuis 2017 dans les écoles maternelles et élémentaires de l’île. Eclairages.

dr-nathalie-sultan-bichat-dermatologue
Dr Nathalie Sultan-Bichat

Installée à La Réunion depuis une dizaine d’années, le Dr Nathalie Sultan-Bichat, dermatologue au Centre hospitalier de l’ouest réunionnais, y a rapidement constaté – et déploré – l’absence, ou en tout cas un manque, en matière de politique publique sur la prévention solaire. En particulier en direction des plus jeunes.

Pourtant, qu’il s’agisse de carcinome ou de mélanome (plus dangereux), le risque de développer un cancer de la peau est accru à La Réunion, pointe celle qui est aussi la présidente de la Société réunionnaise de dermatologie. Quand l’échelle des indices UV utilisée au niveau national court de 0 à 11, avec un risque classé de faible à extrême, les indices enregistrés à La Réunion ne descendent jamais en dessous de 6, avec une moyenne supérieure à 10 et des pics à 14 pendant l’été austral ! En juillet-août sur la Côte d’Azur, le maximum atteint est de 8…

Malheureusement, les études chiffrées sont depuis venues confirmer l’inquiétude des spécialistes et l’accroissement du nombre de cancers de la peau dans la population réunionnaise. « En 2015, sur l’ensemble de l’année, 107 nouveaux cas de mélanomes ont été détectés. Dix ans auparavant, il ne s’agissait que d’une vingtaine de cas… La croissance est donc exponentielle. Et c’est sans compter la multitude de carcinomes et lésions précancéreuses que nous, dermatologues, détruisons chaque jour. » Certes, les cancers de la peau sont certainement mieux détectés aujourd’hui qu’il y a une décennie. Mais cela n’explique pas une telle poussée. Selon le Dr Sultan-Bichat, la surexposition au soleil tend à se généraliser dans la population réunionnaise, « par un phénomène de mimétisme culturel avec la population métropolitaine notamment ». Or, si prendre le soleil n’est en soi pas mauvais (synthèse de la vitamine D, moral…), la surexposition se révèle très rapidement particulièrement néfaste sous nos latitudes. « D’autant plus quand les protections traditionnelles, par exemple les chapeaux et les ombrelles, tendent à se raréfier. » En fonction de la pigmentation de la peau, nous ne sommes pas tous égaux devant les dangers que présente le soleil : plus la peau est claire, plus il se révèle indispensable de se protéger ! « Et beaucoup de choses se décident dès le plus jeune âge », ajoute la dermatologue. « Les études démontrent ainsi que plus on est exposé aux coups de soleil pendant l’enfance, plus le risque est grand de développer un mélanome à l’âge adulte. L’enjeu est par conséquent de protéger les enfants aujourd’hui pour espérer une diminution mécanique du nombre de cancers de la peau dans les décennies futures. » Tel est d’ailleurs l’objectif que Nathalie Sultan-Bichat s’est fixé avec Mission Soleil Réunion, l’association qu’elle préside, créée en 2017 en compagnie de dermatologues et d’ophtalmologues péi. « Dans l e cadre d ’une convention signée avec le Rectorat, nous intervenons dans les écoles maternelles et élémentaires de La Réunion pour informer et éduquer non seulement les enfants, mais aussi les parents, les directeurs, les professeurs, les personnels de mairie, etc. », détaille le Dr Nathalie Sultan-Bichat, dont l’initiative est soutenue par l’Agence régionale de santé qui, dans le sillage de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2014, a fait de la prévention solaire une des priorités. « Nous incitons les enseignants à suivre le programme national Vivre avec le soleil », poursuit la dermatologue. « D’autre part, nous menons dans les écoles des actions de sensibilisation dans les écoles pour faire comprendre aux enfants et aux parents le caractère essentiel du triptyque vêtements couvrants, chapeau, crème solaire. L’élève doit toujours s’appliquer lui-même de la crème solaire avant de débuter une activité extérieure, quelle qu’elle soit, et porter des lunettes de soleil pour éviter l ’apparition de maladies oculaires. » En deux ans, plus de 70 écoles réunionnaises ont reçu la visite d’un intervenant Misolré. L’ambition est de toucher à terme les 530 établissements de l’île. Parmi eux, deux écoles saint-pauloises bénéficient de dosimètres spécialement installés par Mission Soleil Réunion, destinés à mesurer les indices UV en temps réel. En fonction de l’indice qui apparaît sur le panneau numérique, visible dans la cour et sur lequel défilent notamment des clips d’information, les élèves adaptent alors leur comportement : recherche de l’ombre (sous les préaux encore trop souvent absents), casquette, lunettes, crème solaire… « Sport, récréation, pause méridienne : c’est un comble mais les temps d’exposition les plus fréquents des marmailles correspondent la plupart du temps aux pires heures de la journée, celles où il est conseillé de ne pas sortir du tout, entre 10 h et 14 h en gros. Et c’est sans compter sur une autre aberration : les enfants portent moins casquettes et lunettes à l’école qu’à l’extérieur, alors que c’est là qu’ils passent le plus de temps ! », déplore la présidente de l’association. « Il faut absolument parvenir à modifier ces comportements. » Le travail de Misolré – et de son pendant pour le niveau secondaire, Sécurité Solaire – semble donner déjà ses premiers fruits. Prises de manière impromptue (et légale), des photos des cours de récréation ont permis de constater que le port de la casquette concerne 60 % des élèves dans les établissements ayant été sensibilisés par Misolré, contre 5 % maximum dans les écoles témoins avoisinantes… 

POUR UNE PROTECTION EFFICACE.

Selon le Dr Nathalie Sultan-Bichat, « il faut oublier l’esthétisme qui fait loi et réfléchir à un autre look ». En effet, la combinaison parfaite pour se protéger efficacement du soleil à La Réunion repose à la fois sur le port de vêtements couvrants ou de lycras à la plage, d’un chapeau ou d’une casquette façon saharienne, de lunettes de soleil enveloppantes (normes européennes CE3 ou CE4) et de crème solaire adaptée à l’âge et à la peau de la personne. Tout en évitant les heures d’exposition les plus sensibles, entre 10h et 14h, en particulier les mois d’été austral. Si la protection environnementale (ombre d’un arbre, d’un bâtiment, etc.) reste le pare-soleil le plus fiable, le choix de la crème solaire se révèle important.

« Pour résister aux indices UV élevés, une crème indice 50 est conseillée, au minimum 30 pour les peaux plus foncées. A la plage ou pendant le sport, il faut en appliquer généreusementun quart d’heure avant de pratiquer puis toutes les deux heures. De l’expérience ressort également que la protection est meilleure avec de la crème en tube qu’à partir d’un spray, qui offre quatre fois moins de produit par application. Enfin, pour aller au travail, on emporte son tube de crème solaire et on en applique le matin avant de prendre la route et le midi avant d’aller déjeuner. »

ANTHELIOS XL SPF 50+ LA ROCHE-POSAY
Fluide Sport 50+ par Avène
Idéal Soleil Émulsion Toucher Sec SPF 50 VICHY

Enfants et adolescents, privilégiez les crèmes pédiatriques minérales. Pour les hommes, « qui ont plus de mal avec l’aspect gras et poisseux » (sic), des crèmes au toucher sec existent désormais. Tout comme des crèmes longue durée, pour éviter d’avoir à en remettre régulièrement. Qu’en est-il des crèmes sans perturbateurs endocriniens ou sans effet sur la santé du lagon ? « C’est sûrement bénéfique, mais aucune étude internationale scientifique ne valide pour l’instant ces assertions,» précise la dermatologue. « Et attention à bien mettre dans la balance risques possibles pour le lagon et risques certains pour l’Homme ! »

Sensibilisation… et résultats

En fonction de la pigmentation de la peau, nous ne sommes pas tous égaux devant les dangers que présente le soleil : plus la peau est claire, plus il se révèle indispensable de se protéger ! « Et beaucoup de choses se décident dès le plus jeune âge, ajoute la dermatologue.

Les études démontrent ainsi que plus on est exposé aux coups de soleil pendant l’enfance, plus le risque est grand de développer un mélanome à l’âge adulte.

Docteur Nathalie Sultan-Bichat. Dermatologue

L’enjeu est par conséquent de protéger les enfants aujourd’hui pour espérer une diminution mécanique du nombre de cancers de la peau dans les décennies futures. » Tel est d’ailleurs l’objectif que Nathalie Sultan-Bichat s’est fixé avec Mission Soleil Réunion, l’association qu’ellepréside,créée en 2017 en compagnie de dermatologues et d’ophtalmologues péi.

« Dans le cadre d’une convention signée avec le Rectorat, nous intervenons dans les écoles maternelles et élémentaires de La Réunion pour informer et éduquer non seulement les enfants, mais aussi les parents, les directeurs, les professeurs, les personnels de mairie, etc. », détaille le Dr Nathalie Sultan-Bichat, dont l’initiative est soutenue par l’Agence régionale de santé qui, dans le sillage de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2014, a fait de la prévention solaire une des priorités.« Nous incitons les enseignants à suivre le programme national Vivre avec le soleil, poursuit la dermatologue. D’autre part, nous menons dans les écoles des actions de sensibilisation dans les écoles pour faire comprendre aux enfants et aux parents le caractère essentiel du triptyque vêtements couvrants-chapeau-crème solaire. L’élève doit toujours s’appliquer lui-même de la crème solaire avant de débuter une activité extérieure, quelle qu’elle soit, et porter des lunettes de soleil pour éviter l’apparition de maladies oculaires. »

Pour résister aux indices UV élevés, une crème indice 50 est conseillée, au minimum 30 pour les peaux plus foncées.

Docteur Nathalie Sultan-Bichat. Dermatologue

En deux ans, plus de 70 écoles réunionnaises ont reçu la visite d’un intervenant Misolré. L’ambition est de toucher à terme les 530 établissements de l’île. Parmi eux, deux écoles saint-pauloises bénéficient de dosimètres spécialement installés par Mission Soleil Réunion, destinés à mesurer les indices UV en temps réel. En fonction de l’indice qui apparaît sur le panneau numérique, visible dans la cour et sur lequel défilent notamment des clips d’information, les élèves adaptent alors leur comportement : recherche de l’ombre (sous les préaux encore trop souvent absents), casquette, lunettes, crème solaire… « Sport, récréation, pause méridienne : c’est un comble mais les temps d’exposition les plus fréquents des marmailles correspondent la plupart du temps aux pires heures de la journée, celles où il est conseillé de ne pas sortir du tout, entre 10 h et 14 h en gros. Et c’est sans compter sur une autre aberration : les enfants portent moins casquettes et lunettes à l’école qu’à l’extérieur, alors que c’est là qu’ils passent le plus de temps ! », déplore la présidente de l’association. « Il faut absolument parvenir à modifier ces comportements. »

Le travail de Misolré – et de son pendant pour le niveau secondaire, Sécurité Solaire – semble donner déjà ses premiers fruits. Prises de manière impromptue (et légale), des photos des cours de récréation ont permis de constater que le port de la casquette concerne 60 % des élèves dans les établissements ayant été sensibilisés par Misolré, contre 5 % maximum dans les écoles témoins avoisinantes…

La bataille est loin d’être gagnée. Mais, comme on l’a constaté pour la sécurité routière, les comportements peuvent évoluer. J’y crois dur comme fer. Le combat continue ! »

Docteur Nathalie Sultan-Bichat. Dermatologue
SPF50+ certifié bio ALGA MARIS LABORATOIRES DE BIARRITZ
Sun Secure Blur SPF50 SVR
MELASCREEN UV crème légère SPF50+ DUCRAY

«A la plage ou pendant le sport, il faut en appliquer généreusement un quart d’heure avant de pratiquer puis toutes les deux heures. De l’expérience ressort également que la protection est meilleure avec de la crème en tube qu’à partir d’un spray, qui offre quatre fois moins de produit par application. Enfin, pour aller au travail, on emporte son tube de crème solaire et on en applique le matin avant de prendre la route et le midi avant d’aller déjeuner. » Enfants et adolescents, privilégiez
les crèmes pédiatriques minérales. Pour les hommes, « qui ont plus de mal avec l’aspect gras et poisseux » (sic), des crèmes au toucher sec existent désormais. Tout comme des crèmes longue durée, pour éviter d’avoir à en remettre régulièrement. Qu’en est-il des crèmes sans perturbateurs endocriniens ou sans effet sur la santé du lagon ? « C’est sûrement bénéfique, mais aucune étude internationale scientifique ne valide pour l’instant ces assertions », précise la dermatologue. « Et attention à bien mettre dans la balance risques possibles pour le lagon et risques certains pour l’Homme ! »

LE SAVIEZ-VOUS ?

– 1 –

Il ne faut pas confondre UV (ultra-violets) et infrarouges ! Traîtres par excellence, les UV ne sont pas synonymes de chaleur. Quand la chaleur survient avec les infrarouges, il est trop tard ! Les UV ont déjà provoqué des dégâts…

– 2 –

A 1 000 m d’altitude, le rayonnement UV augmente de 10 à 12 %

– 3 –

Selon les personnes et les horaires, une exposition de 5 à 10 minutes seulement peut suffire à provoquer un coup de soleil.

– 4 –

Sur une année, un travailleur de bureau ne reçoit que 10 à 20 % de l’expositon au rayonnement UV d’un travailleur en extérieur.

– 5 –

Les nuages filtrent environ 20 % des UV seulement. Seuls les gros nuages sombres en filtrent quasiment la totalité. Certains nuages fins peuvent même augmenter les UV !

– 6 –

Sans filtre de protection solaire, aujourd’hui de série, les vitres des voitures ne protègent en rien des UV !

– 7 –

L’Australie a fait le calcul : le coût du traitement des cancers de la peau est 100 fois supérieur à celui de la prévention solaire.

– 8 –

En Australie, les parents qui laissent un enfant sur la plage sans lycra s’exposent à une amende !

INFOS & CONTACTS :
Connectez-vous à : www.missionsoleilreunion.com
Programme Vivre avec le soleil disponible sur : http://soleil.passerelles.info/

Vous avez aimé ? Partagez cet article