TISANES DE BOURBON :

LA RÉUNION CULTIVE L’EXCELLENCE

Depuis quelques mois, une gamme de tisanes de plantes médicinales 100 % péi a fait son apparition dans les officines Kôté Santé. Cultivées selon un cahier des charges strict par des producteurs locaux, ces Tisanes de Bourbon aux multiples vertus vous sont conseillées par votre pharmacien. Et uniquement par votre pharmacien !

L’aventure est née de la rencontre entre Calogero Alfano, entrepreneur implanté dans le Sud de l’île, et Laurent Janci, secrétaire de la Caheb, la Coopérative agricole des huiles essentielles de Bourbon. Pourquoi ne pas offrir d’autres débouchés aux extraordinaires plantes médicinales cultivées par certains producteurs de la coopérative ? Sous l’autorité scientifique d’un docteur en biochimie, une gamme de douze variétés de tisanes est développée pour le grand public, exclusivement commercialisée en pharmacie.

“La fleur jaune par exemple est un fabuleux veinotonique”, explique Calogero Alfano, à l’origine des Tisanes de Bourbon. “Inscrite à la pharmacopée française, elle facilite la circulation sanguine… mais elle est strictement déconseillée aux femmes enceintes ! C’est pourquoi il est indispensable que nos tisanes soient commercialisées par un professionnel de santé. » Le pharmacien pourra en effet orienter les demandes en fonction des maux exprimés et indiquer au patient les posologies les plus adaptées, en boisson ou en application cutanée.

Issues d’une quinzaine de cultivateurs répartis un peu partout dans l’île, les plantes sont cultivées sans aucun pesticide, récoltées et livrées au Tampon, dans un hangar attenant à la Caheb, afin d’être séchées de façon 100 % artisanale. C’est Sylvie, l’épouse de Calogero Alfano, qui supervise cette étape. “Toutes les plantes réceptionnées portent un numéro de lot. Nous savons où elles ont été cultivées, qui les a récoltées, quel jour elles ont été livrées, nous bénéficions ainsi d’une traçabilité totale. Ce qui n’est pas toujours le cas des plantes proposées par certains tisaneurs sur les marchés forains.” La durée de séchage (une dizaine de jours) varie en fonction du type de plante mais également du temps qu’il fait et de l’humidité ambiante. Chaque jour, Sylvie vérifie l’hydrométrie des plantes, afin d’arriver à un taux inférieur à 12 %, condition indispensable pour éviter la formation de micro-organismes liés à la moisissure et une dégradation de la qualité des plantes.

TOUTE LA PHARMACOPÉE RÉUNIONNAISE, LE BIO EN PLUS
“Nous n’apportons aucun traitement annexe. Nos sachets ne contiennent que les plantes, rien que les plantes.” Celles-ci sont ensuite conditionnées en fûts de stockage, puis ensachées à l’abri de l’humidité et de la lumière, avant d’être livrées aux pharmaciens.“La Réunion compte près de 2 000 espèces de plantes, et près de la moitié sont indigènes, c’est-à-dire propres à cette région du monde” explique Calogero Alfano. Grâce au travail de l’APLAMEDOM (Association pour les plantes aromatiques et médicinales de La Réunion) et de l’ADPAPAM (Association pour le développement, la défense et la promotion des plantes à parfums aromatiques et médicinales), vingt-deux espèces ont été inscrites à la pharmacopée française en Des chimistes, des pharmaciens, des botanistes et des tisaneurs se sont mobilisés afin de rédiger les études exigées par l’Agence nationale de sécurité du médicament. “Mais les effets des plantes médicinales sont trop souvent banalisés : elles contiennent pourtant des substances actives potentiellement dangereuses si elles sont utilisées à mauvais escient. C’est pourquoi nos packagings ne portent ni indication, ni posologie.” Au pharmacien de les conseiller, pour garantir leur bon usage !

Avec plus d’un hectare consacré au géranium et aux plantes médicinales, Marie-Rose Séverin, qui est également présidente de l’ADPAPAM (Association pour le développement, la défense et la promotion des plantes à parfums aromatiques et médicinales), a fait le choix de consacrer plus de la moitié de son exploitation de Mahavel à cette activité.

Dès le départ, nous avons voulu exiger le meilleur : nous n’employons pas de pesticides, les outils sont nettoyés selon un certain protocole, la récolte est réglementée avec l’utilisation de gants et de sacs spéciaux… Il ne s’agit pas seulement de culture, mais aussi d’une vraie démarche scientifique. Bien sûr que j’aimerais que les Tisanes de Bourbon se développent, pour pouvoir en vivre, mais aussi pour mieux faire connaître les richesses médicinales de La Réunion. A l’export, mais aussi sur l’île, car pour ne pas perdre ce savoir, il faut le transmettre

Marie-Rose SÉVERIN cultive un savoir

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