« De plus en plus de jeunes risquent de subir des dommages auditifs, ils doivent être conscients que l’ouïe, quand elle est perdue, ne revient pas », prévient l’OMS. Alors, face à un ado réticent, n’hésitez pas : faites-vous entendre !
À la naissance, nous possédons seulement 15 000 cellules ciliées (cellules dotées d’un cil qui stimulent les neurones du nerf auditif) par oreille. C’est en effet bien peu en comparaison d’un oeil qui compte quelque 130 millions de cellules réceptives. Paradoxalement pourtant, nos oreilles ne sont pas protégées comme nos yeux par des paupières ; elles fonctionnent donc 24 heures sur 24. La conséquence ? La perte progressive de l’audition au fil des ans, un processus naturel qui s’accélère en cas d’exposition répétée à de forts niveaux sonores. Il est donc essentiel de préserver ses cellules ciliées dès le plus jeune âge. D’autant plus que, contrairement à une idée reçue, celles-ci une fois détruites ne se régénèrent pas ! Parmi les ados notamment, « 27 % des collégiens et 20 % des lycéens estiment que le médecin pourra toujours restaurer leur audition alors qu’en réalité les pertes auditives sont définitives », déplore le Centre d’information sur le bruit (CidB, bruit.fr).
CES JEUNES QUI N’ÉCOUTENT RIEN
Même lorsqu’ils sont conscients des risques, les adolescents ne se sentent pas personnellement vulnérables et sont donc peu enclins à changer leurs pratiques. (…) La musique restant un espace de liberté et d’expression qu’ils ne souhaitent pas perdre, il existe une certaine acceptation du risque face au plaisir immédiat ressenti.
regrette encore le CidB.
La musique, mais aussi les pétards et autres feux d’artifice. Il n’est pas rare que « certains [atteignent] des niveaux d’intensité sonore de plus de 140 dB soit 20 dB au dessus du seuil de tolérance pour l’oreille humaine » (et bien au-delà du bruit d’un avion au décollage), condamne la fondation suisse Hear the World. Résultat, le nombre de jeunes avec des problèmes auditifs explose. Selon une enquête Ifop parue en mars 2019, près de 80% des 15-17 ans déclaraient avoir des difficultés à suivre des conversations en raison du bruit ambiant, en particulier dans l’espace public, au téléphone ou dans les transports. Et 65% d’entre eux admettaient souffrir d’acouphènes (bourdonnements, sifflements ou tintements en l’absence de tout stimulus extérieur).
ALORS, OUVREZ GRAND L’OREILLE
On prépare des générations de sourds
alerte Alain Londero, ORL à l’hôpital Georges- Pompidou à Paris
Pour limiter les dégâts, il existe fort heureusement des solutions. Celles-ci reposent sur l’adoption de bonnes pratiques (lire ci-après) qui s’accompagnent du port de bouchons d’oreille, que votre enfant assiste à un concert, sorte en discothèque, écoute de la musique avec des écouteurs ou souhaite lancer des pétards à Noël. Sachez que « pour lutter contre des nuisances sonores variées allant des ronflements aux bruits de voitures, les boules Quies en cire sont aujourd’hui surpassées par les bouchons d’oreille en mousse », indique Le Monde dans un comparatif publié en septembre dernier (2). Les produits de la marque 3M ont ainsi la préférence de nombreux experts, avec ceux de Quies qui restent malgré tout une référence dans le domaine. Demandez conseil à votre pharmacien y compris concernant la taille des bouchons, chaque oreille étant différente. Naturellement, ces recommandations valent autant pour votre progéniture adorée que vous-même.
CES GESTES BARRIÈRE-LÀ AUSSI SONT UTILES
Sachez d’abord que le seuil de danger (issu de la réglementation sur le bruit au travail) se situe à 85 dB (la plupart des sons de la vie courante sont compris entre 30 et 90 dB) tandis que le seuil de douleur se situe autour de 120 dB (30 minutes d’exposition peuvent suffire pour causer des dégâts irréversibles).
Lors d’un festival, en discothèque ou en concert : • éloignez-vous des enceintes ; • faites des pauses régulières dans une zone calme ; • portez des bouchons d’oreille.
Pour l’écoute au casque ou avec des écouteurs : • ne montez pas le volume au-delà de la moitié du maximum de l’appareil et limitez la durée d’écoute ; • utilisez les casques ou écouteurs fournis avec l’appareil (ils garantissent un volume sonore de 100 dB maximal autorisé) ; • réglez le volume dans un endroit calme et ne l’augmentez pas pour couvrir les bruits ambiants ; • ne vous endormez pas avec un casque ou des écouteurs en fonctionnement.
Lors de manifestations festives (le soir du réveillon, par exemple) : • n’exposez pas vos tympans à des explosions (pétards, feux d’artifice) trop fortes et répétées ; • portez des bouchons d’oreille.
POUR SAVOIR SI VOS TYMPANS ONT SOUFFERT
Si vous ressentez de la pression dans l’oreille, si vous entendez tous les bruits assourdis ou que vous percevez des bourdonnements ou tintements persistants, il est impératif de rechercher le silence, de boire beaucoup et de consulter un ORL, voire le service des urgences en cas de sensations persistantes plusieurs heures après l’exposition à des niveaux sonores élevés. Un traitement rapide peut éviter ou réduire des effets irréversibles tels que des acouphènes ou une perte auditive.
