L’endo…quoi ?

En France, près de 10 % des femmes en âge de procréer sont touchées par l’endométriose. Pourtant, cette maladie inflammatoire et chronique de l’appareil génital, qui provoque des douleurs pelviennes invalidantes et parfois une infertilité, reste encore trop méconnue.

Le lundi 28 mars, ce sera la saint Gontran. Mais ce sera aussi et surtout la Journée mondiale contre l’endo-métriose. Longtemps ignorée, cette maladie qui menace uniquement les femmes en âge de procréer fait aujourd’hui l’objet d’une stratégie nationale de lutte contre l’endométriose, dévoilée le 11 janvier dernier par le Président de la République. Dans un rapport publié le 9 novembre 2021, l’Académie nationale de médecine propose même de décréter l’endométriose « cause nationale ». Une piste qui ne semble pas exagérée quand on considère qu’en France plus de 2 millions de femmes sont concernées ! Et bien souvent, celles-ci l’ignorent… En effet, cette maladie complexe (lire p.18) donne lieu
à des diagnostics trop tardifs, qui prennent parfois jusqu’à plusieurs années. Pourtant, l’endométriose peut se révéler très difficile à vivre au quotidien : elle peut s’accompagner de douleurs pelviennes, de douleurs durant les règles, pendant les rapports sexuels, de troubles digestifs et/ou urinaires, de fatigue chronique…

Sans oublier une potentielle infertilité ! L’impact de l’endométriose sur la qualité de vie des patientes et sur leur vie personnelle (sexuelle, conjugale, professionnelle, sociale) est souvent majeur. Si vous êtes atteinte par un ou plusieurs de ces symptômes, il est urgent de consulter un professionnel de santé (médecin généraliste, gynécologue, sage-femme).

CHIRURGIE ET TRAITEMENT ANTALGIQUE

En cas d’endométriose avérée, génératrice de symptômes invalidants et/ou d’infertilité, la chirurgie reste le seul traitement permettant l’élimination complète des lésions associées. « Lorsqu’une patiente découvre son endométriose en raison de douleurs, on lui propose le plus souvent en première intention un traitement hormonal destiné à supprimer les règles. Ce traitement réduit les douleurs liées à la réponse hormonale des lésions d’endométriose et peut permettre de stabiliser les lésions, voire de diminuer légèrement leur volume. Toutefois, il ne permet pas leur élimination totale », rappelle l’Inserm. Grâce à la chirurgie, les symptômes douloureux peuvent disparaître pendant de nombreuses
années, voire totalement. Toutefois, pour EndoFrance, l’Association française de lutte contre l’endométriose, d’autres options thérapeutiques doivent être testées avant d’envisager une intervention chirurgicale. « Votre médecin doit gérer vos symptômes et vous proposer les possibilités qui vous soulageront ou répondront à votre besoin : antalgiques, traitements horm-naux, assistance médicale à la procréation, chirurgie. Chaque endométriose est unique et chaque proposition thérapeutique se fait en fonction du parcours de la personne atteinte », préconise EndoFrance sur son site Internet. Le traitement hormonal peut notamment s’appuyer sur différentes pilules et différents dosages, dont il faut mesurer la balance bénéfices-risques. Si celui-ci agit efficacement, il bloque le cycle menstruel pour éviter aux lésions de saigner et de se développer. Il limite ainsi la progression de l’endométriose et diminue par conséquent la douleur.

Des techniques complémentaires peuvent également être envisagées. Ces soins supports, parfois préconisés par le centre anti-douleur le plus proche, « constituent un complément indéniable aux traitements médicamenteux et chirurgicaux », avance EndoFrance. Yoga, relaxation, ostéopathie, acupuncture, sophrologie, hypnose, kinésithérapie viscérale, alimentation anti-inflammatoire, phytothérapie et même neurostimulation électrique pourront éventuellement « aider à gérer la douleur quotidienne, à se sentir mieux, à appréhender plus sereinement les différentes étapes du parcours de soin, voire à pallier les effets secondaires induits par certains médicaments ». Dans tous les cas de figure, un
accompagnement médical par un professionnel reste indispensable.

UNE MALADIE COMPLEXE

Selon la définition du Ministère des Solidarités et de la Santé, l’endométriose est une maladie inflammatoire et chronique de l’appareil génital féminin qui s’explique par le développement d’une muqueuse utérine (l’endomètre) en dehors de l’utérus, colonisant d’autres organes. « La maladie peut être asymptomatique », précise l’Inserm. Mais dans certains cas, elle provoque des douleurs fortes, notamment au moment des règles, et/ou une infertilité. Leur sévérité n’est pas forcément corrélée à l’étendue des lésions induites par la maladie. « Le caractère cyclique est évocateur de la maladie, détaille le site de l’Inserm. Les lésions sont en effet sensibles aux hormones féminines et se comportent comme du tissu utérin. Les lésions vont donc proliférer, saigner et laisser des cicatrices fibreuses à chaque cycle menstruel. Chez certaines patientes, une importante innervation des lésions pourrait contribuer aux douleurs extrêmes parfois ressenties. » Quant au lien avec l’infertilité, tout comme les causes de survenue de l’endométriose, l’explication scientifique n’est
pas encore entièrement élucidée et les chercheurs continuent d’y travailler.

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