Le b.a.-BA du DIABÈTE

Maladie chronique caractérisée par la présence d’un excès de sucre dans le sang, le diabète affecterait près de 10% de la population réunionnaise. Origine, symptômes et traitements doux, à mes kôtés vous dit tout.

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RESPONSABLE, L’INSULINE

Notre pancréas produit naturellement de l’insuline, une hormone au rôle essentiel. Présente en permanence dans le sang, sécrétée 24h/24 à petites doses, celle-ci permet en effet de réguler et maintenir le taux sucre (glycémie) à un niveau normal (autour de 1 g/l de sang). De même, elle « dégrade » le sucre (glucose) ingéré, apporté par les aliments. Ce faisant, elle le rend disponible pour les cellules de notre organisme, comme celles des muscles, qui le transforment en source d’énergie ou le stockent au besoin, dans le foie ou la graisse, pour un usage ultérieur. Chez un diabétique, ce système est défaillant : le glucose absorbé, après un repas notamment, reste dans le sang au lieu de pénétrer dans les cellules. Un diabétique souffre donc d’hyperglycémie chronique qui, si elle n’est pas traitée, peut avoir de graves conséquences sur la santé.

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DEUX TYPES DE DIABÈTE

Le diabète est avéré lorsque la glycémie à jeun est égale ou supérieure 1,26 g/l de sang après deux analyses successives. On en distingue deux types. Le diabète de type 1 est dû à l’absence de sécrétion d’insuline par le pancréas. Cela survient brutalement le plus souvent. Et il est rapidement nécessaire de recourir à des injections d’insuline plusieurs fois par jour pour pallier cette carence (soit la reproduction artificielle du fonctionnement normal du pancréas).
Le diabète de type 2, quant à lui, résulte principalement d’une mauvaise utilisation de l’insuline par les cellules de l’organisme. « Le patient sécrète de l’insuline, mais celle-ci est moins efficace : on parle de résistance à l’insuline », explique un spécialiste.
La maladie est dite silencieuse et invisible, car elle peut évoluer pendant des années sans se manifester. Une fois diagnostiquée, elle se soigne avec des médicaments adaptés éventuellement combinés à des injections d’insuline. Notez bien que le diabète (tous types confondus) ne se guérit pas, ce qui signifie un traite-ment à vie.

ON EN SOUFFRE À TOUT ÂGE

Le diabète de type 1 touche le plus souvent l’enfant, l’adolescent et le jeune adulte (avant 35 ans) ; il concerne environ 10% des diabétiques. Bien plus répandu par conséquent, le diabète de type 2 affecte plutôt l’adulte, majoritairement âgé entre 55 et 65 ans. Il apparaît toutefois de plus en plus chez l’adolescent sédentaire souffrant de surpoids ou d’obésité. Si le diabète de type 1 est une pathologie auto-immune (l’organisme produit des anticorps qui agissent contre ses propres constituants ; dans le cas pré-sent, le système immunitaire ne reconnaît plus les cellules productrices d’insuline et les détruit), ce n’est pas le cas du diabète de type 2. Celui-ci dépend de plusieurs facteurs, génétiques, comportementaux et alimentaires.

PRÈS DE 10 SYMPTÔMES À OBSERVER

Les symptômes du diabète de type 1 sont ceux de l’hyperglycémie. Autrement dit, des envies fréquentes d’uriner, une soif intense et un appétit accru associé, paradoxalement, à un amaigrissement, parfois une haleine qui sent l’acétone, des maux de ventre et des vomissements, une fatigue intense… Attention, laisser perdurer la situation expose au risque, mortel, de coma acidocétosique (faute d’insuline, l’organisme utilise les acides gras, produisant de l’acétone qui acidifie le sang et intoxique le cerveau). Le diabète de type 2 se détecte bien plus difficilement. « Il peut y avoir des signes d’hyperglycémie, mais ils sont plus rares, dit un médecin. Et, en l’absence de dépistage, le diabète de type 2 est généralement découvert du fait de ses complications (infarctus, dou-leurs dans les jambes, baisse d’acuité visuelle, troubles de l’érection…) ou suite à un événement décompensant », comme une grossesse, la prise d’un traitement ou une infection. En moyenne, 5 à 7 ans s’écoulent entre le moment où la glycémie devient anormalement élevée sans avoir été repérée, et le diagnostic. Et près de la moitié des diabétiques de type 2 sont dépistés au stade des complications.

LE DIABÈTE À LA RÉUNION

69 800 personnes prises en charge pour un diabète en 2017 (environ 8% de la population) (1)
56% de femmes, et 44% d’hommes.
3,6% des patients ont moins de 35 ans (le taux est de 2,8% au niveau national), et 73% plus de 55 ans.
+4% de prises en charge par an (à cause de la hausse de la maladie ainsi qu’un meilleur dépistage et une augmentation des patients inscrits en ALD).
Près de 1 000 personnes dialysées.
2 500 femmes hospitalisées pour diabète gestationnel en 2018 (soit 2 femmes enceintes sur 10 concernées).
… Plus de 10 000 Réunionnais seraient diabétiques sans le savoir.
(1) Ce chiffre provient des données du Régime général et des sections mutualistes, il ne représente pas la totalité des diabétiques à La Réunion.
Source : Le diabète et les personnes diabétiques à La Réunion. Chiffres clés – Édition 2019. Disponible sur le site de l’ARS-OI (lareunion.ars.sante.fr)

UN DOUTE ? Faites-vous dépister

Au moins « 10 000 Réunionnais seraient diabétiques (de type 2) sans le savoir, lit-on sur le site l’ARS-OI (masante.olis.re). Alors, en cas de doute, « surtout s’il existe des cas de diabète dans la famille », faites-vous dépister via une petite piqûre indolore au bout du doigt (en pharmacie, chez votre médecin traitant, ou lors d’opérations menées par les collectivités et les associations), ou une prise de sang.

Mordez la vie à belles dents

Le traitement médicamenteux du diabète va de pair avec une alimentation saine et équilibrée et la pratique d’une activité physique.

Insulino-dépendant (type 1) ou -résistant (type 2), le diabète se traite de deux façons : par des injections d’insuline ou la prise de médicaments à vie (qui stimulent la sécrétion ou l’action de l’insuline, ou encore ralentissent l’absorption des sucres), et des « mesures hygié-nodiététiques efficaces », pour reprendre l’expression de la Haute autorité de santé (HAS).
En premier lieu, et quel que soit le type de diabète, il est indispensable d’avoir une alimentation saine et équilibrée. Il s’agit tout simplement de varier les denrées et d’augmenter la quantité de fruits et de légumes. Parallèlement, bien sûr, il faut réduire les graisses d’origine animale (viandes grasses, beurre et fromage), li-miter les sucres rapides (à base de glucides simples, comme la plupart des produits sucrés) et étaler les sucres lents (à base de glucides complexes, comme les féculents) dans la journée.

De même, il est fortement recommandé de s’adonner à une activité physique, en particulier pour le diabète de type 2. « Une activité physique régulière améliore l’efficacité du métabolisme, et donc de l’in-suline », explique un diabéto-logue. Pas de panique, trente minutes par jour suffisent. « Et pas besoin de courir ou de faire du sport : marcher un peu vite fait très bien l’affaire », dit l’ARS-OI.

Il est conseillé d’agir sur un autre facteur aggravant : le tabagisme. Fumer nuit à la production de l’insuline et au transport du glucose vers les cellules, ou encore augmente les triglycérides (graisses dans le sang dont le taux élevé favorise le risque de maladies cardiovasculaires ou d’autres maladies des artères). « L’arrêt du tabac pour une personne diabétique est un impératif qui doit être mis en œuvre le plus tôt possible », souligne la fédération française des diabétiques.

L’hyperglycémie chronique peut, à terme, entraîner des complications au niveau de divers organes. Celles-ci se classent en deux grandes catégories. Il y a d’une part la microangiopathie diabétique, ou l’atteinte des petits vaisseaux sanguins, en général au niveau de l’œil, du rein ou du système nerveux. Elle peut causer une baisse de la vision allant jusqu’à la cécité, une insuffisance rénale, ou encore des lésions nerveuses.
Et il y a d’autre part lamacroangiopathie diabétique, qui concerne les gros vaisseaux sanguins, tels que les artères des membres inférieurs, du cœur et du cerveau. Elle peut être à l’origine de plaies longues à cicatriser, de douleurs dans la poitrine (angine de poitrine), voire d’un infarctus, ou d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Notez que la maladie peut également affecter les dents et les gencives, la peau, les articulations et les tendons, ou encore l’activité sexuelle.

Soyez extrêmement vigilant, car les complications du dia-bète évoluent souvent sans se manifester au départ ! Un suivi médical est par consé-quent plus qu’indiqué, même si l’on ne ressent rien, « afin de dépister l’apparition de com-plications et de limiter leur ag-gravation, grâce à une prise en charge adaptée », précise le site ameli.fr.

Votre pharmacien peut mesurer votre glycémie (et ainsi dépister la maladie), mais aussi vous indiquer divers produits pour mieux vivre votre diabète et éviter les complications.

Christine Deliat, pharmacienne à la Pharmacie du Plate à Piton-Saint-Leu.

Que trouve-t-on en pharmacie pour compléter le régime alimentaire d’un diabétique ?

Christine Deliat : Avant de conseiller un complément alimentaire, j’insiste auprès du patient pour qu’il prenne des repas équilibrés et proportionnés. Le cari, notre plat traditionnel, comprend les macronutriments indispensables, soit des protéines et des lipides. Mais les portions alimentaires doivent être rais on – nables, et la quantité d’huile fortement réduite (de l’ordre d’une cuiller à soupe par jour). Ensuite, je peux suggérer des tisanes de fenugrec et d’olivier, de la gamme Bio Nutrisanté par exemple, qui font baisser la tension artérielle et régulent le taux de sucre dans le sang. Le jamblon, une plante locale, est également réputé pour diminuer la glycémie, et apprécié pour son action antidiarrhéique, pour contrer les effets secondaires de certains médicaments. On le trouve en poudre à diluer chez Tisanes de Bourbon ou en solution chez Run’Essence. Attention à bien signaler la prise d’un complément à son médecin traitant.

Jamblon

Que proposez-vous pour prévenir et gérer le pied du diabétique ?

C.D. : Il est vrai que le diabète [de type 2] peut causer de l’insensibilité dans les pieds, et le pied diabétique est l’une des complications les plus répandues du diabète. Il faut d’abord s’assurer d’avoir un bon contrôle glycémique et de bien suivre son traitement. Ensuite, il faut avoir une bonne hygiène des pieds et les examiner tous les jours. Observer la peau entre les orteils, rechercher tout changement de couleur ou d’apparence (rougeurs, peau en écailles, vésicules, ulcères, durillons). Et informer son médecin des changements notés. Enfin, il faut en prendre soin, avec une crème qui hydrate et répare, comme le Baume pieds secs et le Soin protection intense d’Alvadiem. On peut également opter pour des chaussures adaptées, chez Gibaud notamment.

Marque Phare - Alvadiem

Et en cas de lipodystrophie, complication courante également, liée aux injections sous-cutanées d’insuline ?

C.D. : En plus d’effectuer une rotation des sites d’injection et de changer l’aiguille à chaque fois, l’idéal est, là encore, d’appliquer une crème réparatrice sur les zones agressées. Soludiab du Laboratoire Marque Verte est parfaite.

REPAS : NE VOUS FRUSTREZ PAS !

On peut bien vivre avec le diabète tant qu’on ne fait pas d’excès. Dites oui aux viandes maigres, aux poissons et aux fruits de mer, aux œufs et à tout ce qui est « lent » et fibreux, comme les légumes verts et les légumineuses, les crudités, les fruits (frais), les pâtes, certains pains (complet, noir, aux céréales), certains riz (complet, basmati, sauvage), le quinoa, les laitages, certaines céréales de petit déjeuner (riches en son, par exemple), et pourquoi pas un petit morceau de chocolat noir.
Dites non aux viandes grasses, aux charcuteries, aux plats en sauce, aux crèmes dessert, au grignotage, à l’alcool, au verre de soda ou au café sucré entre les repas (sauf s’ils sont édulcorés), aux nectars de fruits…Demandez conseil à un spécialiste pour un régime personnalisé.

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