La savate, c’est pas le pied !

La « savate deux doigts » est une institution à La Réunion. Seulement voilà, la tong n’est pas ce qu’il y a de mieux pour le pied, la cheville, le genou ou encore le dos. Un usage modéré et un modèle un poil plus sophistiqué que la moyenne sont à privilégier.

Le Choix du pharmacien

Olivia GAUTIER, pharmacienne
à la Pharmacie d’Abord à Terre-Sainte.

La savate est une chaussure adaptée à une activité de détente, elle est pratique pour
faire le tour de la piscine ou rejoindre sa serviette à la plage. Bref, elle est parfaite pour
un usage précis et limité dans le temps – pas question de randonner en tongs ! De plus,
elle n’est pas déconseillée pour tout le monde : si vous n’avez aucun problème au niveau
des pieds, libre à vous d’en porter, toujours avec modération pour éviter l’apparition de traumatismes.
Pour un confort maximal, en revanche, le choix du modèle est prépondérant. D’abord, la semelle doit être antidérapante pour ne pas glisser et se blesser, et les lanières doivent être larges pour un meilleur maintien du pied. Ensuite, la semelle doit soutenir la voûte plantaire, pour stimuler la circulation sanguine notamment, et s’adapter aux courbes du pied. On trouve ce type de tongs en pharmacie, chez R.fit et Gibaud, entre autres marques recommandées. R.fit, c’est toute une gamme de sandales à petit prix, colorées et stylées, avec une semelle épaisse à mémoire de forme et un soutien de la voûte plantaire légèrement bombé. Gibaud propose des modèles plus classiques, mais également plus robustes, qui associent le liège et le cuir, des matières moins irritantes que le plastique pour certains.

Ici, la tong (issu de l’anglais thong qui signifie «  lanière  ») se porte été comme hiver depuis des décennies. On en trouve d’ailleurs partout, à tous les prix, des plus élégantes aux plus fantaisistes, pour se rendre à la plage, à une soirée et même au travail.
Oui, mais, n’en déplaise aux fans, cet accessoire aussi élémentaire qu’il est historique (originaire de l’Égypte antique, c’est la première protection naturelle du pied) est régulièrement pointé du doigt par les podologues et les posturologues.
Pour l’Union française pour la santé du pied (UFPS), la tong est même à proscrire pour de multiples raisons.

Mauvais pour la peau.
Si la tong se veut antidérapante, confortable et anti-brûlure, le frottement et la transpiration au niveau de l’assise du pied et de la lanière peut malgré tout engendrer des ampoules (talquer la voûte plantaire au besoin pour prévenir ce désagrément). Dans le même temps, la tong a tendance à assécher la peau du pied jusqu’à la fissurer (talons crevassés). Et puis, l’extrémité de la lanière peut cisailler la peau, surtout en cas de marche prolongée sous un soleil de plomb.

Mauvais pour le talon et les orteils.
Une semelle trop plate, trop fine et trop rigide, qui n’épouse pas la voûte plantaire, empêche un bon déroulé du pas. Résultat, les muscles des orteils se contractent afin de maintenir la chaussure. Cette contrainte peut entraîner l’inflammation de l’aponévrose plantaire (membrane fibreuse qui enveloppe les muscles et des douleurs au talon (talalgie). À terme, elle peut aussi provoquer la déformation des orteils (ils ressemblent alors à des griffes) et favoriser l’apparition d’oignons disgracieux.

Mauvais pour la cheville.
Le fait que le pied ne soit pas maintenu augmente le risque d’affaissement de la voûte plantaire. Cela s’accompagne souvent d’un pied (plat) valgus caractérisé par une déviation des talons vers l’intérieur qui fait ressortir la malléole externe (partie osseuse située de chaque côté de la cheville). Cette déformation peut gravement perturber l’équilibre (problèmes pour marcher, courir, se tenir). L’absence de maintien accroît aussi les risques de traumatismes, comme les foulures et les entorses de la cheville, en particulier chez le jeune enfant et la personne âgée.

Mauvais pour les os.
La tong n’absorbe pas les chocs, avec à la clé de possibles fissures dans les os du pied et des problèmes d’ossification. Chez les individus aux os fragilisés (sujets à l’ostéoporose, par exemple), cela peut causer des fractures de stress traumatique, au niveau des orteils notamment.

Mauvais pour le dos.
À cause de cette lanière unique posée à l’avant du pied dans une semelle plate et peu épaisse, la démarche manque souvent d’assurance. Cela peut occasionner des douleurs (des tendinites pour beaucoup) dans les pieds, mais encore dans les genoux, les jambes, les hanches et le dos (jusqu’à la lombalgie), et modifier la posture au fil du temps.

Mauvais pour la santé.
Chaussure ouverte oblige, la tong est, sans surprise, un nid à bactéries. Dans une étude menée en 2009, l’Université de Miami avance même qu’environ 18  000 bactéries colonisent une paire de tongs (avec parmi elles le redouté, car redoutable staphylocoque doré). Gare aux coupures et autres lésions cutanées.

Mauvais pour les diabétiques.
Chaussure ouverte oblige (bis), la tong multiplie le risque de blessure au pied. Pour un diabétique et/ou un artéritique, s’exposer ainsi peut donc vite tourner au drame – soyez responsable ou alors extrêmement vigilant.

Mauvais au volant.
La tong qui se coince sous la pédale en cours de manœuvre au volant est à l’origine de (très) nombreux accidents de la route chaque année. De plus, si la tong n’est pas interdite par le Code de la route, les forces de l’ordre les considèrent comme une source de gêne et peuvent ainsi verbaliser le conducteur (amende de 35 €, 22 € si paiement immédiat, mais pas de perte de points).

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