JEÛNE et joli ?

Jeûne et randonnée, jeûne et yoga, jeûne et photo… Depuis quelques années, le jeûne se cuisine à toutes les sauces sur Internet. Un comble pour cette pratique ancestrale qui consiste à ne pas se nourrir pendant un laps de temps variable. En France, ils seraient actuellement plusieurs milliers d’adeptes à croire aux bienfaits d’une telle pratique. Mais qu’en est-il des effets réels du jeûne et de ses dangers potentiels ?

Je me sens beaucoup mieux », « J’ai la pêche comme jamais », « J’ai perdu 10 kg »… Sur la Toile, les retours d’expérience de jeûne sont légion. Au-delà de leur véracité, bien difficile à prouver, ils ne constituent en rien une fondation sur laquelle bâtir une vérité scientifique. Pourtant, à en croire certaines études scientifiques, le jeûne pourrait présenter
certains bénéfices. Un article des Echos de 2019 rapportait que deux études, l’une allemande, l’autre japonaise, ont respectivement établi que « le jeûne conduit à une amélioration du bien-être émotionnel et physique, et à une amélioration des facteurs de risque cardiovasculaires et généraux » et que « le jeûne accélère le métabolisme et entraîne la
libération de molécules antioxydantes ». D’autres bienfaits sont souvent attribués à la pratique du jeûne (combattre le diabète, éliminer les toxines ou encore booster les capacités mentales…), qui ont amené certains pays à autoriser le jeûne à visée préventive ou thérapeutique dans un cadre médicalisé : Allemagne, Russie, Etats-Unis, Canada, etc.

UN NÉCESSAIRE ENCADREMENT MÉDICAL

En France, cette pratique sous surveillance médicale n’est pas proposée. En effet, les bénéfices évoqués ne sont que supposés. « Il n’existe pas à ce jour d’études scientifiques suffisamment nombreuses et rigoureuses pour conclure quant à son efficacité thérapeutique ou préventive », indique un rapport de l’Inserm de 2015. Et de préciser que « si la pratique du jeûne partiel (une semaine maximum) encadré semble globalement peu dangereuse, des risques sérieux existent si cette pratique a lieu en dehors d’une structure médicalisée » : maux de tête importants, étourdissements, malaises. Et, au-delà de deux semaines de jeûne, peuvent survenir anémies, inflammations et fibroses hépatiques, dégradation du capital osseux, troubles du rythme cardiaque ! Dans un communiqué daté de 2014, l’Association française des diététiciens nutritionnistes (AFDN) optait elle aussi pour le principe de précaution. A l’instar de l’Inserm, il était rappelé que « le jeûne est dangereux pour l’organisme, qui a besoin de toute l’énergie et des nutriments fournis par l’alimentation (…) Une semaine de randonnée, de baignade, de vélo en mangeant trois repas équilibrés par jour exerce tout autant la volonté, procure autant de plaisir (voire plus) et est donc beaucoup plus efficace qu’un jeûne sur la même durée. Avec des bénéfices démontrés : perte durable de poids, amélioration de la respiration et du sommeil, meilleur équilibre physiologique et psychologique. » En résumé, la France n’offrant pas d’encadrement médical du jeûne, la pratique individuelle doit se cantonner à une période courte, en privilégiant l’intermittence. Le jeûne prolongé est, lui, fortement déconseillé et doit être proscrit pour les femmes enceintes ou allaitantes, les enfants ou ados, les personnes âgées et les sportifs.

Le jeûne, DES JEUNES

  • Jeûne court : pratiqué de quelques dizaines d’heures à 1 semaine maximum, le jeûne court est sans danger. Et pourrait comporter certaines vertus : lutte contre les maladies inflammatoires (asthme, rhumatismes, allergies…), préparation à un régime, renouvellement cellulaire, stimulation de l’immunité, évacuation d’un excès d’eau lié à une surconsommation de sel… Mais les études scientifiques n’ont pas encore certifié ces croyances.
  • Jeûne intermittent : cette alternance entre jeûne et alimentation pourrait participer à une stratégie d’équilibre entre les apports et les dépenses énergétiques.
  • Jeûne total : à l’eau uniquement
  • Jeûne partiel : avec jus de fruits et bouillons
  • Jeûne long : sur plusieurs semaines… et à éviter !

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