Choisir une date symbolique pour arrêter de fumer témoigne d’un engagement fort, de l’envie de lier le geste à un événement qui a du sens. Alors pourquoi pas le 1er janvier ? Voici comment concrétiser votre projet en toute sérénité.
CHOISISSEZ LE BON MOMENT
Arrêter le tabac ne s’improvise pas. Pour être couronnée de succès, la démarche requiert avant tout de la motivation. Or, « si la personne subit un fort stress au travail, ou encore si elle a des problèmes de sommeil, vit en couple avec un fumeur, ou montre des fragilités personnelles, elle pourra avoir du mal à rester motivée, prévient un médecin. Il donc préférable parfois de décaler sa décision dans le temps, et d’attendre les va-cances, par exemple, pour être loin du stress et des habitudes du quotidien afin d’éviter les situations de tentation. » Une fois les conditions réunies, la deuxième étape consiste à déterminer vos motivations. Souhaitez-vous être en meil-leure forme ou faire des éco-nomies, avoir une meilleure haleine ou vous libérer de la dépendance, faire plaisir à vos enfants ou renouer avec le goût et l’odorat… ?
À chacun ses raisons, et les lister aide à arrêter. Idem pour vos craintes, tout à fait légitimes avant de franchir le pas : les identifier permet de relativiser.
Ensuite, il convient de vous préparer. On devient (et on demeure) rarement non-fu-meur en jetant son dernier paquet de cigarettes avec un air résolu. Une bonne préparation passe notam-ment par : le choix d’une date d’arrêt pour marquer votre engagement la transforma-tion de votre domicile en lieu non-fumeurs (dehors briquets et cendriers !) un nouvel em-ploi du temps comprenant, par exemple, la pratique d’activités sportives ou cultu-relles pour ne plus penser à la cigarette l’information à vos proches pour s’assurer de leur soutien (indispensable) avec la désignation éventuelle d’un parrain qui sera là dans les moments difficiles.
Bon à savoir :
Depuis 2016, le Ministère des Solidarités et de la Santé incite les fumeurs à faire une pause tout le mois de novembre, lors du #MoisSansTabac. Relever ce défi collectivement, avec un accompagnement au sevrage jour après jour grâce à un kit gratuit, est source de motiva-tion. Et s’abstenir trente jours multiplie par cinq les chances de ne pas replonger.
Renseignements sur masante.re et la page Facebook Mois sans Tabac La Réunion Mayotte.
CHOISISSEZ LE BON TRAITEMENT
À chacun sa méthode égale-ment. Trois traitements sont reconnus comme efficaces : les substituts nicotiniques, les thérapies comportementales et cognitives (TCC), et deux médicaments qui agissent sur le système nerveux central (le bupropion LP et la varénicline), délivrés sur prescription. Les substituts sont au choix trans dermiques (patchs et timbres) ou oraux (gommes, pastilles et inha-leurs). À l’inverse de la cigarette, ils diffusent lentement et régulièrement de la nicotine (à des doses adaptées aux besoins de la personne), et libèrent progressivement de la dépendance physique. Si nécessaire, plusieurs formes de substituts peuvent être utilisées conjointement (sous contrôle médical afin d’ajuster le dosage). Ils se prennent durant six semaines à six mois, avec une diminution progressive des doses. « Si, lors de nos ateliers de sevrage, nous avons souvent l’occasion de parler de méthodes pour lesquelles des preuves d’efficacité n’existent pas aujourd’hui, comme l’acupuncture, l’hypnose, la phytothérapie et l’homéopathie, le dispositif le plus efficace pour l’arrêt du tabac reste la com-binaison d’un traitement de substitution nicotinique avec un accompagnement par un professionnel de santé », pré-cise Harvey Gamble, médecin spécialiste de santé publique. Quant à la cigarette électro-nique, celle-ci peut constituer une aide pour arrêter ou réduire sa consommation, d’après les derniers travaux du Haut Conseil de la santé publique.
Bon à savoir :
Les études montrent que les substituts nicotiniques augmentent les chances de réussite de 50 à 70 %. S’ils sont en vente libre en pharmacie, l’Assurance Maladie les rem-bourse, sur prescription, à 65 % depuis le 1er janvier 2019 (produits inscrits sur la liste des spécialités pharmaceutiques remboursables aux assurés sociaux). Le ticket modérateur peut être pris e n charge par votre complémentaire santé.
CHOISISSEZ LE BON SOUTIEN
Beaucoup de fumeurs envisagent l’arrêt comme une démarche personnelle et donc solitaire ; réussir seul serait la preuve de sa force de caractère, de sa volonté. Cela peut fonctionner, mais souvent, cette intention exclut le mécanisme de la dépendance et les fonctionnements propres à chacun. Or, il arrive que les liens qui unissent le fumeur à la cigarette soient si puissants qu’ils ne peuvent être dénoués seul.
De la même façon, un regard extérieur peut s’avérer utile lorsque le fumeur voit l’arrêt comme un obstacle infranchissable au point de perdre confiance en lui. Ces cas de figure étant fréquents, l’aide d’un professionnel est indiscutablement un plus, en sus de la prise de substituts. N’hésitez pas à solliciter votre médecin généraliste et votre pharmacien, voire un addictologue ou tabacologue avant de vous lancer comme après (durant les six premiers mois de sevrage, en général). « Quand je reçois un patient, je prends le temps d’évaluer toutes les circonstances qui favorisent la cigarette ainsi que sa dépendance à la nicotine. Par exemple, à quel moment prend-il sa première cigarette ? Si c’est peu de temps après le lever, on estime que la dépendance est très forte. Il y a aussi la question du nombre de cigarettes par jour. Il est important d’analyser toutes les situations pour apporter une prise en charge globale », poursuit l’expert.
Bon à savoir :
Une majorité de professionnels recourent aux thérapies comportementales e t cognitives (TCC) pour aider les fumeurs à arrêter. Par définition, « une TCC est une thérapie brève, validée scientifiquement, qui porte sur les interactions entre pensées, émotions et comportements : elle se concentre sur les problèmes actuels de la personne, tout en prenant en compte leurs causes historiques, et elle aide à progressivement dépasser les symptômes invalidants et vise à renforcer les comportements adaptés ». Concrètement, suivre une TCC doit permettre à terme de ne pas « craquer » pour une cigarette en présence d’un fumeur ni d’associer la cigarette au café ou de gérer son stress en fumant.
LE TABAC À LA RÉUNION
> L’île compte plus de 150 000 fumeurs réguliers. 31,9 % des 18-75 ans fument quotidiennement parmi lesquels plus de la moitié sont de « gros fumeurs » (au moins dix cigarettes par jour).
> À 17 ans, 65 % des garçons et 52 % des filles ont déjà fumé.
> L’âge de la première cigarette est de 16,6 ans.
> La Réunion figure au 1er rang des DROM (hors Mayotte) sur le plan de la mortalité par cancer du poumon.
> Mais 65 % des fumeurs quotidiens auraient envie d’arrêter (surtout chez les plus de 45 ans).
Source : ARS-OI, statistiques de 2014 tirées du bulletin de santé de Santé Publique France.
Renseignements, conseils et accompagnement : tabac-info-service.fr,
le 39 89, et l’application mobile d’e-coaching Tabac info service téléchargeable gratuitement sur l’Appstore et Google play.
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