VOUS AVEZ DIT proximité ?

Depuis deux ans, l’épisode Covid a mis en lumière la place majeure que tiennent les pharmacies dans les quartiers. Au-delà de la délivrance des médicaments et de la vente de parapharmacie, une officine est avant tout un lieu de vie qui entend répondre à un besoin de proximité. Reportage aux Lataniers, à Saint-Denis.

UN LIEU DE SOINS

-> « Tests antigéniques par centaines, possibilité de vacciner élargie à une autre pathologie que la grippe, fabrication de nos propres solutions hydroalcooliques… Avec la Covid, de nouvelles missions ont été confiées aux pharmaciens et ont renforcé notre rôle de professionnels de santé », souligne Christophe Marchetti, pharmacien aux Lataniers à Saint-Denis. Une mission en quelque sorte de service public, déployée dans l’urgence par les autorités publiques mais suivie sans réticence par la profession. « Même si ces attributions ne seront probablement pas pérennisées, nous avons fait preuve d’une belle faculté d’adaptation. Mais, en dehors de ce contexte particulier, un pharmacien reste avant tout un professionnel de santé de premier recours. »

> En cas de malaise ou de « bobo » (éraflure, plaie, objet dans l’oeil…), la pharmacie la plus proche est souvent le lieu ressource où il est possible de trouver, sans rendez-vous, conseil et prise en charge. « Une première approche permettra d’estimer la gravité de la situation, de nettoyer la plaie et si besoin d’orienter le patient vers le bon professionnel : médecin traitant, urgences, pompiers, Samu… » Une prise de tension ou un test glycémique pour personne diabétique peuvent également être pratiqués dans l’urgence. « C’est le cas au moins une dizaine de fois par mois… » e Le plus souvent, l’intervention du professionnel se fait en aval de la prescription médicale et relève du conseil pharmaceutique :
rappel des modalités de prise du médicament, préconisations hygiéno-diététiques selon la pathologie (alimentation, mode de vie, produits complémentaires, etc.). « Par exemple, nous pouvons conseiller vitamine C et collagène pour améliorer une cicatrisation, ou encore faire un point sur la nécessité de s’hydrater, de se protéger et d’adapter ses horaires de pratique sportive pour éviter les coups de soleil et les insolations. »

UN LIEU DE SERVICES

> Les médicaments périmés ou non utilisés (MNU) comportent des risques sanitaires, domestiques et environnementaux. En France, chaque année, les accidents médicamenteux sont responsables d’1 hospitalisation sur 10. Ne les jetez surtout pas à la poubelle et rapportez les à… votre pharmacie de quartier évidemment ! Chaque officine est équipée de bacs dédiés à la récupération de ces MNU, soulagés de leurs emballages, qui sont ensuite collectés par l’association Cyclamed pour les intégrer dans un processus de valorisation énergétique. En 2019, ce sont près de 11 000 tonnes de MNU qui ont ainsi été valorisées en France ! Les déchets auto-perforants, de type aiguilles ou seringues, sont pour leur part détruits, dans le cadre d’un dispositif spécifique géré par l’éco-organisme Dastri.

-> On n’y pense pas forcément, mais une pharmacie propose souvent à la location du matériel médicalisé (aérosols dans le cadre de traitements contre l’insuffisance respiratoire, neurostimulateurs, lits, fauteuils roulants…), voire du matériel d’assistance à la vie quotidienne comme ces tire-lait, particulièrement demandés !

UN LIEU DE VIE

« Une pharmacie répond à une forte demande de proximité, insiste Christophe Marchetti, des Lataniers à Saint-Denis. Et encore plus depuis le confinement, où les habitants du quartier semblent nous avoir redécouverts. Nous avons enregistré une hausse de près de 30 % de la fréquentation ! » Il faut dire qu’un service social, de type aide à la personne, y est souvent prodigué. Et ce sous différentes formes :

-> Un accompagnement administratif mise à jour de la Carte Vitale, informations sur la CMU et les mutuelles, impression des documents utiles (attestations) pour les personnes démunies face à une digitalisation croissante, etc. « Ces demandes sont très fréquentes, et mettent en évidence notre rôle dans le lien social ! »

-> Un accompagnement psychologique « Nous prenons le temps d’écouter les personnes âgées ou les personnes déprimées sous traitement, qui ont souvent un fort besoin d’échange. Nous leur offrons une proximité géographique et humaine qui leur permet de se confier et de trouver une oreille attentive à leurs éventuelles difficultés et préoccupations. »

Une pharmacie répond à une forte demande de proximité. Et encore plus depuis le confinement, où les habitants du quartier semblent nous avoir redécouverts

-> Un accompagnement individualisé « Le pharmacien, comme ses préparatrices et préparateurs, peuvent répondre aux interrogations des personnes sur leur situation : prise de la tension, évaluation de la glycémie, conseil à la parentalité pour les futurs parents, prise de poids et calcul de l’IMC dans le cadre d’un projet de régime, etc. » Le saviez-vous ? L’indice de masse corporelle (IMC) s’obtient en divisant son poids par sa taille (en cm) au carré. Entre 18,5 et 25, votre IMC est satisfaisant. En dessous, vous êtes considéré comme maigre. Entre 25 et 30, vous êtes en surpoids. Au-delà, on parlera d’obésité.

Certaines pharmacies, comme ci-dessous aux Alizés à Saint-Gilles-les-Hauts, vont même plus loin, en proposant un espace cosy, du conseil et des accessoires (lingerie, maillots de bain, turbans…) dédiés aux femmes ayant vécu une ablation mammaire. Sur rendez-vous uniquement, afin de garantir la disponibilité de la pharmacienne, qui a suivi une formation à la prise de mesures de la poitrine.