Les cicatrices et le soleil ne font pas bon ménage. Esthétiques mais pas seulement, des effets délétères sont à craindre. Certaines mesures préventives s’imposent, comme nous l’explique Nathalie Sultan, dermatologue et présidente de l’association MiSolRé, acteur péï de la prévention solaire et partenaire de Kôté Santé et Socopharm.
À Mes Kôtés : Exposer une cicatrice au soleil est-il dangereux ?
Nathalie Sultan : C’est en tout cas largement déconseillé ! La peau d’une cicatrice est particulièrement fragile. L’épiderme est plus fin, plus fragile et plus sensible aux rayons UV. Qu’il s’agisse d’un traumatisme, d’une lésion (de type acné par exemple) ou même d’une simple piqûre d’insecte, exposer une cicatrice au soleil ralentit la guérison, accroît la sensibilité de la zone et augmente le risque de complications (brûlures, infections, hypertrophie…). Au-delà de ces effets néfastes sur le processus de guérison en lui-même, les cicatrices peuvent également laisser des marques indélébiles, en particulier une hyperpigmentation de la peau. Les six premiers mois, la cicatrice prend un aspect rouge, puis rosé. Durant cette période, elle risque de bronzer et de conserver une pigmentation plus foncée. Le phénomène peut durer des années, voire être irréversible. A ce titre, il est d’ailleurs important de noter que les personnes ayant des peaux foncées sont davantage sujettes à l’hyperpigmentation.
À Mes Kôtés : Qu’en est-il après six mois ?
N. S. : Au bout de six mois environ, la cicatrice devient blanche. Une cicatrice rose ou rouge indique qu’elle est généralement récente, tandis qu’une cicatrice blanche signifie que le processus de réparation de la peau est terminé. Vous pouvez alors considérer que le risque d’hyperpigmentation est écarté. Mais, même à ce stade, la peau reste plus fine et plus fragile. Le risque de brûlure sous l’effet des UV est accru, avec au final des coups de soleil plus douloureux et potentiellement plus graves.
À Mes Kôtés : Quelles sont les précautions à prendre ?
N. S. : La clé est de réduire au minimum l’exposition au soleil durant la première phase de la cicatrisation, tant que la cicatrice est rouge ou rosée. L’idéal est alors de couvrir la zone avec un vêtement ou un pansement. Quand la cicatrice prend son aspect blanc, le retour à l’exposition doit se faire progressivement, et il est indispensable de la protéger avec une crème solaire SPF 50, tout en évitant de s’exposer au milieu de journée (entre 10 h et 15 h), lorsque le rayonnement UV est le plus fort. Une peau cicatrisée restera toujours fragilisée, et doit donc être protégée à vie avec une crème solaire à fort indice.
À Mes Kôtés : Que faire si l’hyperpigmentation survient ?
N. S. : Peeling, crèmes anti-taches, laser, dermabrasion (micro-ponçage), chirurgie… Certaines solutions existent. Toutefois, elles ne sont pas forcément accessibles à toutes les bourses, elles sont parfois complexes et le résultat reste souvent aléatoire. Agir en amont est par conséquent largement préférable, en protégeant la cicatrice du soleil au maximum. Il faut se montrer patient car, si une cicatrice ne disparaît jamais complètement, elle s’atténuera probablement avec le temps.
« Agir en amont est préférable. »
À Mes Kôtés : Et pour les tatouages ?
N. S. : Pour les tatouages, les précautions sont du même ordre. Pour déposer les pigments, l’aiguille perce la peau et crée des microlésions. Selon leur taille, il faut quatre à huit semaines pour que celles-ci cicatrisent. Il faut donc les traiter comme une cicatrice classique et ne pas exposer le tatouage au soleil en privilégiant le port de vêtements ou de patchs. Au-delà, une protection solaire s’impose pour peaufiner la cicatrisation… et ne pas compromettre la réussite du tatouage, car en plus le soleil détériore les pigments !