« ATTENTION À l’automédication ! »

La pharmacienne de Quartier Français (Sainte-Suzanne), Nathalie Lekeux-Payet, s’intéresse depuis de longues années déjà aux vertus de la micronutrition. Titulaire du diplôme universitaire Nutrition Micronutrition Exercice et Santé dispensé par l’université de Poitiers, elle propose même des entretiens micronutritionnels personnalisés. Microinterview.

A Mes Kôtés : Quels bienfaits peut-on, selon vous, attribuer à la micronutrition ?
Nathalie Lekeux-Payet :

On parle toujours des macronutriments : protéines, lipides et glucides. Pourtant, de nombreux micronutriments présents dans notre alimentation sont impliqués dans divers mécanismes physiologiques essentiels. Par exemple, la vitamine C est un puissant anti-oxydant qui protège nos cellules, le curcuma est un détoxicant hépatique qui a des vertus
anti-inflammatoires, les oméga 3 sont des protecteurs cardiovasculaires, etc. La micronutrition est la discipline qui s’intéresse à ces micronutriments, et en particulier à la compensation d’éventuels déficits par la prise de compléments alimentaires ciblés. Elle a démontré son efficacité dans de nombreux champs d’action : maladies métaboliques (diabète, obésité, problèmes cardiovasculaires), fatigue, troubles de l’humeur ou du sommeil, pathologies inflammatoires chroniques, troubles digestifs, problèmes de peau…

AMK : La micronutrition fait-elle office de traitement pour certaines pathologies ?
N. L-P. :
Oh non… La micronutrition n’est pas un traitement, et les compléments alimentaires ne sont pas des médicaments ! Toutefois, la micronutrition permet de considérer autrement certaines pathologies, de participer à leur prévention ou d’améliorer l’état d’un patient sans le soustraire à sa médication. Il s’agit de complémenter cette médication pour en parfaire l’efficacité. C’est le cas notamment des pathologies d’origine inflammatoire, dont la prise en charge a souvent tendance à ignorer l’impact d’une éventuelle hyperperméabilité intestinale. La micronutrition peut alors intervenir pour rééquilibrer le microbiote et faciliter la cicatrisation intestinale, en vue de freiner le processus inflammatoire. Les bénéfices d’une telle démarche peuvent être multiples, puisqu’une dysbiose intestinale peut même avoir des répercussions sur le bien-être mental ! De nombreuses pathologies prennent source dans différents types de désordres, de déséquilibres, en particulier intestinaux. En prévention du trouble ou en complément du traitement médical prescrit, la micronutrition permet donc de rééquilibrer certains facteurs physiologiques parfois mis de côté dans l’approche de la pathologie.

AMK : Certaines précautions sont-elles à prendre en matière de complémentation alimentaire ?
N. L-P. :
Attention à l’automédication ! Même si les compléments alimentaires ne sont pas des médicaments à proprement parler, il est essentiel de recourir aux préconisations d’un professionnel diplômé. C’est la raison pour laquelle j’organise dans mon officine des entretiens micronutritionnels individuels. Avec le patient, nous balayons plusieurs registres
(digestif, psychologique, ostéo-articulaire, cutanée, alimentaire, etc.), en tenant compte des facteurs environnementaux (stress, sportif de haut niveau avec des contraintes d’entraînement, etc.), ainsi que des éléments liés au patient et à ses pathologies (allergies alimentaires par exemple). A partir des pistes de prise en charge qui se dégagent, je lui propose
ensuite un suivi alimentaire, une complémentation micronutritionnelle si nécessaire, mais aussi un programme de remise en exercices. Il faut être conscient que l’« alimentation santé » est la finalité du suivi micronutritionnel d’un patient. Lors des entretiens, l’objectif est de corriger les déficits repérés, pour que le patient trouve un bien-être physique et mental. En lui donnant les éléments-clés d’une assiette santé, les compléments pourront être arrêtés au bout de quelques mois. C’est la mise en place d’une alimentation saine à haute densité micronutritionnelle qui pérennisera les effets obtenus.

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