ADO ET ENCEINTE. Quel accompagnement ?

Votre fille encore adolescente vous annonce qu’elle est… enceinte ! Passé le choc probable de l’annonce, vous allez devoir l’aider à obtenir les renseignements indispensables avant de prendre la décision la plus appropriée. A Mes Kôtés vous indique quelques pistes à explorer.

Poursuivre sa grossesse ? Avoir recours à une interruption volontaire de grossesse ? Accoucher sous X ou confier son enfant à l’adoption ? Quel que soit le choix que fera au final l’adolescente concernée par une grossesse précoce, la décision sera a priori difficile à prendre. Et nécessitera de disposer de toutes les informations utiles à sa réflexion.
Tout d’abord, il faut préciser que, comme toute grossesse, la grossesse à l’adolescence n’est pas sans risque. Si elle peut être aisément menée à terme avec un suivi médical régulier, certains facteurs à la fois physiologiques et psychologiques sont à considérer, notamment pour les plus jeunes. Être enceinte à 14 ans ou à 17 ans, c’est très différent. À 14 ans, le bassin n’est souvent pas encore complètement formé. Ajoutez éventuellement à cela de l’angoisse et une méconnaissance de son propre corps, et le risque est alors important de rencontrer des complications de grossesse : hypertension artérielle, accouchement prématuré, retard de croissance foetale… Malgré ces désagréments potentiels, votre fille décide de devenir maman ? Elle aura alors besoin d’être épaulée, autant par son entourage familial que par des professionnels. Un suivi médical régulier et adapté est indispensable, car le corps de la maman encore en croissance a besoin de nutriments essentiels pour lui-même et pour le foetus. Au cas où les parents seraient démunis ou démissionnaires face à cette situation inattendue (voire pas au courant…), la jeune fille peut se tourner vers le Planning Familial de La Réunion ou vers le service de PMI le plus proche. Depuis 1945, cette Protection Maternelle et Infantile (PMI) gérée par le Conseil départemental assure la protection sanitaire de la mère et de l’enfant. Elle organise notamment des consultations et des actions médico-sociales de prévention et de suivi en faveur des femmes enceintes, mineures ou non. Son objectif est de mesurer les besoins médicaux, psychologiques, sociaux et d’éducation pour la santé des futurs enfants et des futurs parents. Pour les jeunes filles enceintes, cela peut passer par du conseil, de l’information sur les droits sociaux et sur les
démarches à effectuer, un suivi de grossesse, la surveillance de grossesse difficile, la préparation à la naissance, le suivi postnatal ou encore des entretiens préalables à une demande d’interruption volontaire de grossesse (IVG).

La Réunion particulièrement concernée

Dans l’Hexagone, les études les plus récentes établissent que 18 000 jeunes filles tombent enceintes chaque année et qu’entre 4 000 et 4 500 naissances concernent des mères mineures. Soit environ 0,5 % des naissances. Pour 1 000 femmes âgées de 15 à 17 ans, le nombre de naissances est de 3,8. Mais, à La Réunion, la prévalence des grossesses mineures est 7 fois plus élevé qu’en métropole ! Les quelque 500 naissances précoces annuelles représentent 3,4 % du total des naissances et, pour 1 000 femmes âgées de 15 à 17 ans, le nombre de naissances est cette fois de… 24 ! Une des conséquences est qu’entre 10 et 15 % des IVG pratiquées au total chaque année sont le fait de mineures.

-> LE CHOIX DE L’IVG

Car il faut être conscient que, sur les 18 000 grossesses mineures recensées en France chaque année, près de 70 % se soldent par une IVG. Allongé depuis 2020, le délai légal maximal pour sa réalisation dépend de la méthode utilisée. L’IVG médicamenteuse est possible jusqu’à 7 semaines de grossesse, soit 9 semaines après le début des dernières règles. L’IVG instrumentale (par dilatation du col et aspiration du contenu de l’utérus) peut être réalisée jusqu’à la fin de la 14e semaine de grossesse, soit 16 semaines après le premier jour des dernières règles. Deux consultations préalables sont obligatoires, afin de laisser le temps à la jeune fille de réfléchir à cette décision définitive. A noter que l’IVG peut être pratiquée même sans l’accord des parents de la jeune fille enceinte, en toute confidentialité, sous le sceau du secret médical. Toutefois, elle devra obligatoirement se faire accompagner par une personne majeure de son choix (un adulte de son entourage, un membre du planning familial, etc.). Dans ce cas, l’IVG et les frais afférents sont alors pris en charge à 100 % sans avance de frais. En résumé, en tant que parent, votre rôle sera d’accompagner votre adolescente au plus près et avec bienveillance, sans lui imposer votre propre point de vue mais au contraire en lui apportant des conseils éclairés et en respectant son propre choix. Plus que tout, vous devrez vous assurer qu’elle demeure en bonne santé, aussi bien physique que mentale. Et ce qu’elle décide de poursuivre sa grossesse ou de recourir à une IVG.

Liste complète des PMI de l’île sur le site du Conseil départemental : departement974.fr
Planning familial au 0262 25 40 15, (du lundi au vendredi de 8h à 16h)
Informations concernant l’avortement sur IVG.gouv.fr ou au 0 800 08 11 11 (appel anonyme et gratuit)

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