À chacun sa médecine douce

Plus de 20 millions d’actes par an auprès de 14,5 millions de patients… De plus en plus, on court chez l’ostéopathe pour chasser un mal de dos, on avale des granules homéopathiques pour mieux dormir, on se fait hypnotiser pour arrêter de fumer… Signe des temps, les médecines douces ont le vent en poupe. A Mes Kôtés vous dit pourquoi.

Homéopathie, naturopathie, phytothérapie ou encore aromathérapie, mais aussi ostéopathie, chiropraxie acupuncture, réflexologie, biorésonance… Nous sommes chaque année plus nombreux à plébisciter les médecines alternatives. En 2019, selon l’Observatoire des parcours de soins des Français (1), plus de sept Français sur dix affirmaient ainsi y avoir déjà eu recours. «  Les médecines douces sont globalement et très majoritairement perçues comme efficaces pour soigner les petits maux (91 %) et comme pratiques complémentaires à la médecine tra-ditionnelle (88 %) par rapport à laquelle elles apparaissent comme plus respectueuses de l’organisme et de l’environnement », souligne également l’étude. Bref, pour aller mieux (ou se faire du bien), nous ne nous précipi-tons pas (plus) chez notre médecin au moindre pépin de santé. Et, par chance, nous avons le choix de la solu-tion la mieux adaptée à nos besoins parmi un très large éventail de thérapeutiques.

PLUS DE 400 PRATIQUES DANS LE MONDE

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recense en effet plus de 400 médecines douces, naturelles ou traditionnelles dans le monde. La France, de son côté, compte plus de 300 MAC, pour «  médecines alternatives et complémentaires », selon l’expression employée par le Conseil national de l’Ordre des médecins (le ministère de la Santé préfère parler de «  pratiques de soins non conventionnelles »). Autant d’approches que l’organisme répartit en quatre catégories  : les thérapies biologiques, à base de produits naturels (phytothérapie, aromathérapie…)  ; les thérapies manuelles (ostéopathie, chiropraxie…)  ; les thérapies corps-esprit (hypnose, sophrologie…)  ; les «  systèmes complets » qui reposent sur leurs propres principes de guérison (acupuncture, homéopathie…). Toutefois, l’Ordre des médecins ne reconnaît et n’autorise que quatre MAC  : l’acupuncture, l’homéopathie, la mésothérapie(2) et l’ostéopathie. Voilà pourquoi certains généralistes ou spécialistes peuvent se prévaloir d’un titre ou d’un diplôme en la matière. Pour autant, plusieurs médecines alternatives non reconnues ont fait leur entrée à l’hôpital, comme la médecine traditionnelle chinoise (l’acupuncture notamment), l’hypnose et la sophrologie.

EN COMPLÉMENT D’UN TRAITEMENT MÉDICAL

« À mon sens, une thérapie ne doit pas en exclure une autre. Je pense que, dans l’intérêt du patient, il faut qu’il y ait une multiplicité thérapeutique. Une cohabitation est donc possible, voire nécessaire »

dit le Dr Jean-Marc Benhaiem, praticien Hospitalier à l’hôpi-tal Ambroise-Paré et à l’Hô-tel-Dieu à Paris  (3).

En clair, malgré l’absence d’études scientifiques ou cliniques capables de prouver les modes d’action, les effets, l’efficacité et même l’inno-cuité d’une médecine douce ancestrale, celle-ci peut avoir des vertus bienfaisantes en complément de la médecine conventionnelle (qui, elle, s’appuie sur des traitements validés scientifiquement). L’Ordre des médecins et bon nombre de professionnels partisans de l’allopathie admettent ainsi que des MAC peuvent aider à lutter contre l’insomnie et les troubles du stress et de l’anxiété, à sou-lager les douleurs difficiles à soigner associées à une pathologie chronique, voire à supporter les effets secondaires causés par de lourds traitements de type chimio- thérapie ou radiothérapie.

GARE AUX INCOMPÉTENTS ET AUX CHARLATANS

Une approche holistique (le corps et l’esprit forment un tout indissociable), des traitements doux et naturels qui permettent de diminuer la prise de médicaments chimiques (et leurs éventuels effets indésirables), des praticiens souvent plus à l’écoute des patients… Nombreuses sont les raisons du succès des MAC. N’oublions pas cependant que celles-ci n’ont pas réponse à tous les maux et que peu d’études confirment leur efficience. D’ailleurs, beaucoup ne leur trouvent qu’un effet placebo. De plus, elles ne sont pas réglementées dans leur immense majorité et leur pratique n’exige qu’une formation parfois sommaire. Le risque de tomber sur un thérapeute incompétent ou même un escroc est donc réel. Soyez prudent, car il en va de votre santé. «  Lorsqu’elles sont utilisées pour traiter des maladies graves [comme un cancer, ndlr] ou en urgence à la place des traitements conventionnels reconnus, elles peuvent faire perdre des chances d’amélioration ou de guérison aux personnes malades », prévient l’ARS-OI. Une question, un doute  ? Demandez l’avis de votre médecin traitant ou de votre pharmacien.

(1) Étude Harris Interactive pour Santéclair, novembre 2019. (2) « Technique médicale alternative qui consiste en des injections ciblées de médicaments dans la couche profonde de la peau (…) pour traiter de nombreuses pathologies différentes (rhumatismes, arthrose, tendinites…). » (passeport-sante.net). (3) Les médecines alternatives et complémentaires, en quoi consistent-elles ?, Ylo-sante.com (juin 2018).

LE CHOIX DU PHARMACIEN

Voahirana RAZANABOLOLONA, pharmacienne à la pharmacie Azur à Saint-André.

L’usage de plantes péi, d’herbages, de tisanes… est dans les gènes des Réunionnais. C’est presque toujours ce qui m’est demandé en première intention pour soigner un petit trouble fonctionnel, voire une lésion bénigne. Je les oriente alors volontiers vers des produits naturels de type Tisanes de Bourbon, mais aussi vers des solutions à base d’homéopathie ou d’aromathérapie. Aussi controversée soit-elle, l’homéopathie semble avoir des effets positifs, notamment chez la femme enceinte et le nourrisson, deux populations pour lesquelles bon nombre de médicaments sont contre-indiqués. Et en aromathérapie, il existe un large panel d’huiles essentielles pour soigner ponctuellement des affections sans gravité. Idem du côté des Fleurs de Bach, ces élixirs floraux conçus pour traiter les symptômes psychologiques et émotionnels. Il n’est pas rare que des patients y recourent pour arrêter de fumer, en complément des patchs, ou contre l’énurésie chez l’enfant.

Sur l’île, LES PLANTES, C’EST AUTOMATIQUE !

Sans surprise, à La Réunion, la consommation de plantes médicinales est depuis longtemps ancrée dans les habitudes. Cela ne traduit pas une défiance à l’égard de la médecine conventionnelle, mais s’inscrit dans une tradition. Aujourd’hui encore, 80 % des Réunionnais considèrent les plantes médicinales comme une manière simple de se soigner à partir de connaissances héritées de leurs parents, avant d’avoir recours au médecin traitant. Certaines de ces plantes sont d’ailleurs disponibles en pharmacie, dans des sachets estampillés Tisanes de Bourbon. Plus d’informations sur le site
de l’association pour les plantes aromatiques et médicinales de La Réunion (Aplamedom, aplamedom. org) et sur la page Facebook des Tisanes de Bourbon.

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