La plupart du temps, les patients nous sollicitent trop tard, alors qu’ils souffrent déjà de coups de soleil. Je conseille vivement de préparer sa peau deux à trois semaines avant de s’exposer, grâce à une alimentation riche en bêtacarotène et en antioxydants accompagnée d’une cure de compléments alimentaires à base de bêtacarotène, de vitamine E et de sélénium notamment. Les gommes véganes autobronzantes à sucer Good Sun de Lashilé Beauty font fureur. Pendant l’exposition, je recommande l’usage fréquent et en quantités suffisantes d’une crème solaire haute protection, chez Avène ou Caudalie. Sans oublier de protéger les cheveux, avec un fluide non gras de René Furterer Paris, par exemple. Enfin, le soir, il est impératif de bien hydrater la peau, voire de la soigner avec de l’Eau Thermale d’Avène ou encore du gel Osmo Soft pour coups de soleil et brûlures.
Que l’on soit kaf, malbar, zarab, chinois, zorey ou métissé, les méfaits du soleil pour la peau sont réels ! » C’est le site de l’ARS OI qui le dit. Alors, cet été, c’est décidé, adoptons la bonne attitude pour bronzer sans risque !
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NE GASPILLEZ PAS VOTRE CAPITAL SOLEIL
À la naissance, nous disposons tous d’un capital soleil – ou solaire – non renouvelable et propre à chacun (il dépend notamment de la carnation de notre peau : il est plus important chez les personnes au teint mat qui bronzent facilement que chez celles au teint clair). Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) le définit comme « l’ensemble des moyens de défense de la peau contre les effets néfastes du soleil ». Seulement voilà : ce capital soleil si précieux diminue au fil des expositions jusqu’à l’épuisement. Et passé ce cap, attention, la moindre bronzette supplémentaire peut entraîner des dégâts pouvant aller jusqu’au cancer de la peau. Alors, soignez-le aussi longtemps que possible par un comportement adapté, à La Réunion surtout où l’ensoleillement est intense presque toute l’année.
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SOYEZ INCOLLABLE SUR LES MÉFAITS DES UV…
Le soleil émet trois types de rayonnements ultraviolets (lumière non visible) aux effets distincts. Les coups de soleil (ou érythèmes solaires) sont causés par les UVB, tout comme les insolations. Les UVB provoquent aussi des lésions oculaires irréversibles ainsi que la majorité des cancers cutanés (les mélanomes). Les UVA, qui pénètrent plus lentement et plus profondément dans le derme que les UVB, sont à l’origine des taches pigmentaires et des rides, et ils accélèrent le vieillissement de la peau. Et l’on sait aujourd’hui qu’ils favorisent aussi le développement de cancers cutanés. Quant aux UVC, s’ils sont mortels pour l’homme, ceux-ci sont fort heureusement absorbés par la couche d’ozone qui entoure la Terre. Ils sont néanmoins utilisés dans les hôpitaux pour leurs propriétés germicides.
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… MAIS AUSSI SUR LEURS BIENFAITS
Le soleil (le rayonnement et la luminosité solaires) est par ailleurs bon pour la santé et le moral. À l’image d’une alimentation riche en poissons gras, l’exposition aux UVB déclenche la synthèse de la vitamine D dans l’épiderme. Or la vitamine D participe au maintien d’une bonne santé osseuse et dentaire et des fonctions musculaires, et contribue à l’absorption et à l’utilisation par l’organisme du calcium et du phosphore. Diverses études lui prêtent bien d’autres vertus parmi lesquelles le renforcement de notre système immunitaire. En mai dernier, la très sérieuse Académie nationale de médecine a même déclaré que la vitamine D pourrait réduire le risque de développer des formes graves de Covid-19 chez les patients atteints.
5 FOIS PLUS DE CANCERS EN 10 ANS
« Nous avions vingt cas [graves] annuels il y a dix ans, nous sommes aujourd’hui à plus de cent cas. En dix ans, le nombre de cancers de la peau a été multiplié par cinq », déplore Nathalie Sultan-Bichat, dermatologue et présidente de l’association Mission Soleil Réunion (MiSolRé, missionsoleilreunion.com) (1). Cette augmentation serait due à un meilleur dépistage, mais aussi à un changement de comportement. « Les Créoles prennent les mêmes habitudes que les Métropolitains », or celles-ci ne sont « pas adaptées à La Réunion », prévient l’experte. Alors, soyez prudent, protégez-vous et faites-vous examiner par un spécialiste au moins une fois par an.
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PEAU CLAIRE OU FONCÉE : PROTÉGEZ-VOUS !
Connaissez-vous votre phototype, autrement dit votre type de peau (en association avec la couleur des yeux et des cheveux) ? Le savoir est essentiel, car cela permet d’estimer le risque lié à l’exposition au soleil et détermine ainsi le niveau de protection nécessaire. Il existe 7 phototypes, allant de 0 pour les personnes albinos (interdites d’exposition) à 6 pour les personnes ayant la peau, les cheveux et les yeux noirs. Contrairement aux idées reçues, ces dernières doivent aussi se protéger été comme hiver. Dans le détail, sur une peau claire (phototypes 1 à 3), l’ARS OI (masante.oiis.re) conseille d’appliquer une crème dont l’indice de protection (IP, aussi appelé SPF) est de 50+ ; sur une peau mate ou brune foncée (phototypes 4 et 5), l’indice doit être de 30 ou plus ; sur une peau noire (phototype 6), il doit être de 20 ou plus. Notez que les bébés et les jeunes enfants n’ont pas de phototype, leur peau étant considérée comme immature ; les exposer au soleil est donc proscrit, des coups de soleil dans l’enfance favorisant grandement l’apparition de mélanomes à l’âge adulte.
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EXPOSEZ-VOUS 1 HEURE PAR JOUR MAXIMUM
Là encore, quel que soit votre phototype, certaines règles sont à respecter afin de limiter les risques pour la santé. D’abord, ne vous exposez pas entre 10h et 14h, voire jusqu’à 16h au plus fort de l’été (plus le soleil est haut dans le ciel, plus ses rayons sont dangereux). Et puis, limitez les bains de soleil quotidiens à 1 heure, « les cellules de la peau responsables de sa pigmentation (mélanocytes) ayant recueilli la dose de soleil suffisante pour un bronzage de qualité », indique l’ARS OI.
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AVANT DE SORTIR, SCRUTEZ L’INDICE UV
L’indice UV est une échelle de mesure du rayonnement ultraviolet ; plus il est élevé, plus le risque est grand pour la peau et les yeux. À La Réunion, les indices UV varient de « fort » ou « élevé » (6-7) à « extrême » (plus de 11). L’été, ils dépassent fréquemment 14 (soit le double des indices UV mesurés l’été sur la Côte d’Azur), ce qui signifie que la peau peut brûler en quelques minutes. Point important : fiez-vous uniquement à l’indice UV et non à votre ressenti. En effet, les UV traversent les nuages ; ils sont par ailleurs réfléchis par l’eau, le sable et l’herbe (le phénomène de réverbération augmente l’exposition de 10% à 15 %) ainsi que par la neige. Alors, par temps couvert… restez couvert ! Pour consulter les indices UV par zones sur l’île, rendez-vous sur meteofrance.re (onglet UV de la carte).
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CHOISISSEZ LA BONNE CRÈME SOLAIRE
D’abord, privilégiez les produits de grandes marques de dermatologie françaises vendus de préférence en pharmacie (et non sur Internet). Puis, optez pour une crème à filtre UV chimique ou minéral. La différence ? Une crème à filtre chimique pénètre l’épiderme pour absorber les UV à la place de la peau : elle se présente souvent sous forme de spray ou de vaporisateur d’huile transparente. Le hic ? Elle n’agit que 30 minutes après l’application – soyez donc prévoyant. Autres inconvénients : ce type de filtre est potentiellement allergène et suspecté d’être un perturbateur endocrinien (substance qui dérègle le fonctionnement hormonal). Et il pollue, notamment les océans (les molécules anti-UV tuent les microalgues contenues dans les tissus coralliens). À l’inverse, une crème à filtre minéral ou physique offre une protection immédiate en réfléchissant les UV telle une barrière grâce à ses microparticules (de l’oxyde de zinc ou du dioxyde de titane le plus souvent) qui forment un film protecteur sur la peau. Problèmes : elle laisse des traces blanches et peut comporter des nanoparticules à l’effet sur la santé controversé. Quel que soit votre choix, enduisez-vous de crème toutes les 2 heures, voire toutes les demi-heures en cas d’activité physique. Et même bronzé, continuez de vous tartiner.